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Louis Antoine de Saint-Just



organt - Poéme


Poéme / Poémes d'Louis Antoine de Saint-Just





L'abbesse eut soin d'avertir les nonnettes
Que de grands saints allaient les visiter,
De se gaudir, et de se tenir prêtes,
Et qu'un mystère allait tôt éclater;
Après l'on fut dans la tour se gîter.

Il était temps.
On enfonce les portes ;
Les vieilles sours se mettent à prier,
Et des bandits les fougueuses cohortes,
Comme un torrent, inondent le moutier.
Nos jeunes sours à genoux les attendent,
Et du plus loin, des bras mignons leur tendent.
En leur voyant l'air terrible et fâché.
Les doux agneaux croyaient avoir péché.
Comme des loups sur elles ils fondirent.
Et les nonnains pour des anges les prirent.
Suzanne tombe aux serres de
Billoi ;
Il vous l'étend et d'une main lubrique
Trousse en jurant sa dévote tunique.
Quand elle vit poindre je ne sais quoi,



Suzanne crut que c'était pour le prendre
Et le baiser.
Sur le fier instrument
Elle appliqua sa bouche saintement :
Cela rendit
Monsieur
Billoi fort tendre,
Qui désormais s'y prit plus poliment.
Les flots pressés de sa bruyante haleine,
De ses poumons s'exhalaient avec peine ;
Il
I'étouffait, voulant la caresser ;
Il la mordait, en voulant la baiser;
Sa langue affreuse, et tendre avec furie.
De la nonnain cherchait la langue pie,
Et notre sour, qui pour
Dieu le prenait, À ses efforts saintement se prêtait.
Allant au
Diable, et puis brûlant
Marie.
Quand la brebis, après ce doux baiser,
Sentit l'oiseau quelque part se glisser,
Aller, venir, et l'ange tutélaire
De son sein blanc les deux roses sucer,
Elle comprit que c'était le mystère ;
Elle sentait une divine ardeur
De plus en plus s'échauffer dans son cour...
Amour riait, assis sur le pinacle.



Mais ce fut bien encore autre miracle.
Quand tout à coup son regard s'anima,
Son sein bondit, et son teint s'alluma ;
Quand un rayon émané de la grâce,
La pénétra, confondit ses esprits,
Et l'emporta tout droit au
Paradis. «
Elle criait : ô puissance efficace ! »
Chaque félon, braqué sur sa nonnain.
Menait aussi le mystère grand train :
On les voyait, d'un rein fort et robuste,
Observer tous une cadence juste,
Aller, venir, à la file appointés,
En vrais taureaux, par leur fougue emportés ;
Dans leur bouillante et féroce insolence.
Jurant, frappant, au plus vite, au plus fort.
Et déchirant dans leur impatience.



Le manoir saint, rebelle à leur transport.

Viens,
Michel-Ange, et peins-nous
Salamane
Les yeux en feu, tous les muscles saillants,
Le nez ouvert, et les poumons bruyants,
Plus furieux que le baudet de
Jeanne, À chaque coup du goupillon divin,
Faisant bondir la converse
Augustin.
Quand tout fut fait et que notre profane
Eur dégainé son brutal instrument,
La sour le prit entre ses mains avides.
Comme un agnus à l'aube en s'éveillant,
Et le pressait de ses lèvres humides.

Ceci s'entend de chaque autre nonnain,
Qui, revenant de l'aventure étrange,
Nommait le sien, mon sauveur, mon bon ange,
Mon doux
Jésus, céleste chérubin !
Et le flattait, d'une dévote main.
En s'écriant, toute sanctifiée : «
Oh ! qu'il est doux de faire son salut ! »
Il ne fut pas jusqu'à sour
Abacuc,
De soixante ans tristement affublée,
Qui ne trouvât des vainqueurs insolents.
Qui d'une main brutale et forcenée,
Lui fourrageaient une cuisse tannée,
Et chiffonnaient ses appas du vieux temps.
Il fallait voir le paillard
Abanelle
Faire pâmer cette sempiternelle,
Qui pour hâter la grâce et son effet,
De temps en temps la mesure rompait,
En agitant sa charnière rebelle.
Le vieux sénat, dans la tour morfondu,
Disait : «
Mon
Dieu, si nous l'avions donc su! »

Enfin lassés de leur débauche impure,
Tous les bandits rebattirent au champ.
Fort satisfaits de leur sale aventure,
Et les nonnains des saintes se croyant.



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Louis Antoine de Saint-Just
(1767 - 1794)
 
  Louis Antoine de Saint-Just - Portrait  
 
Portrait de Louis Antoine de Saint-Just
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