Louis Calaferte |
(extraits) Pendant que j'allumais une autre cigarette tu as quitté tes bas assise au bord du lit et maintenant tu n'oses pas dans cette chambre où nous n'avons jamais dormi lever les yeux sur moi C'est soudain comme si le temps meurt ou s'arrête un long alinéa je m'approche du lit et viens te prendre entre mes bras dans cette douceur triste et qui nous engourdit j'ai aussi peur que toi Il y a au-dehors des rumeurs vagabondes nous ne nous en irons que pour un autre monde À Londres c'est l'automne il est presque minuit C'est vrai qu'il pleut à Londres et que les ponts s'ennuient Le ciel mourant et hypocondre aux nuages noués de suie À Londres il pleut à Londres paillettes de la pluie On voyait la ville se fondre comme irréelle comme enfuie Un peuple imprécis correspondre sous les dômes des parapluies Nos ombres allaient se confondre dans l'ombre grise de la pluie C'est vrai qu'il pleut à Londres et que je t'ai suivie Je ne crois pas te l'avoir dit lundi mardi ou mercredi ou quelque jour de la semaine Et pour autant qu'il m'en souvienne tes dents blanches la bouche ouverte tu mangeais une pomme verte J'ai rencontré dans Fetter Lane au bras de la sombre Mary le fantôme de Frankenstein Et pour autant qu'il m'en souvienne le jade était surnaturel dans tes longs yeux de caramel Il y avait aussi Boswell Mil ton et puis Dickens aussi et d'autres ombres magiciennes Mais pour autant qu'il m'en souvienne le blanc le jade et le vert pomme je ne voyais que toi en somme Qui réellement me surprennes lundi mardi ou mercredi et tous les jours de la semaine |
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Louis Calaferte (1928 - 1994) |
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Portrait de Louis Calaferte | |||||||||