Luc Bérimont |
Les pousses adoptent sous la terre Un comportement menuisier Patience et géométrie Un atelier sans liberté Polit des linteaux d'étamines J'apprends à retarder les mots Par un mimétisme pareil Une prudence de fraisier Dans un printemps frileux Par les tiges souples du feu Je connais le vent, cru l'ouest Je vois par un ramier J'entends par un renard Le chat m'ouvre un été La tulipe un soleil Par les lettres vertes de l'eau Et par le corps heureux des pierres Je connais l'issue et l'entrée : une population d'oiseaux une mouche dont je suis l'aile. - :- :- :- DEMAIN LA VEILLE (extraits) C'est à la tombée du jour, en automne Que j'ose confronter mes mots avec leur rugueux et leurs gerces La forêt vire au nord Le monde se fait moine Les brouillards hasardent leur nappe aux creux du temps contaminé Savoir que l'on peut s'éloigner, lucide enfin, avec les lampes Qu'il n'y aura pas de retour vers quelque matin démarcheur au carnet de commandes ouvert L'espérance n'a plus son mot Ni les aubes dans la sarriette Ceux que nous avons dévoyés sont parqués vifs sur les pontons Ils ont peur au fond de leurs os du salon pourpre et des torchères Des croupiers noirs sont alignés qui vont ratisser les enjeux En tirant les verrous d'acier je pose du froid sur la glace Je ne veux pas leur ressembler Ni à moi - perdant, ni à rien Je suis en quête d'un ailleurs qui sera mieux (ou pis peut-être) Un ordre qui m'épie déjà par le judas des origines. |
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Luc Bérimont (1915 - 1983) |
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Portrait de Luc Bérimont | |||||||||