Madame Guyon |
Depuis longtems j'ai perdu connoissance ; Dans un gouffre je me vis abîmer ; Je ne puis plus supporter la science ; Heureux mon cour, si tu sais bien aimer. Perdu, plongé dans des eaux ténébreuses, Je ne vois rien, et je ne veux rien voir ; Mes ténèbres sont des nuits amoureuses ; Je ne connois mon bien ni mon espoir. Dans ce profond d'amour inexplicable, On m'élève bien au-dessus de moi ; C'est un nuage obscur, invariable, Où l'âme ne voit qu'une sombre foi. C'est un brouillard plus clair que la lumière ; Je ne puis exprimer sa sombre nuit : On ne dessille jamais la paupière ; Dedans ce lieu l'on n'entend aucun bruit. Ces ténèbres où règne le silence, Font le bonheur de ce cour amoureux ; Tout consiste dedans la patience Qu'exerce ici cet amant généreux. |
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Madame Guyon (1648 - 1717) |
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Portrait de Madame Guyon | |||||||||