Marceline Desbordes-Valmore |
Peut-être un jour sa voix tendre et,voilée M'appellera sous déjeunes cyprès : Cachée alors au fond de la vallée. Plus heureuse que lui, j'entendrai ses regrets. Lentement, des coteaux je le verrai descendre ; Quand il croira ses pas et ses voux superflus, Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre ; Enchaînée à ses pieds, je ne le fuirai plus. Je ne le fuirai plus ! je l'entendrai ; mon âme, Brûlante autour de lui, voudra sécher ses pleurs ; Et ce timide accent, qui trahissait ma flamme. Il le reconnaîtra dans le doux bruit des fleurs. Oh ! qu'il trouve un rosier mourant et solitaire ! Qu'il y cherche mon souffle et l'attire en son sein ! Qu'il dise : "C'est pour moi qu'il a quitté la terre ; "Ses parfums sont à moi, ce n'est plus un larcin." Qu'il dise : "Un jour à peine il a bordé la rive ; "Son vert tendre égayait le limpide miroir ; "Et ses feuilles déjà, dans l'onde fugitive, "Tombent. Faible rosier, tu n'as pas vu le soir !" Alors, peut-être, alors l'hirondelle endormie, A la voix d'un amant qui pleure son amie. S'échappera du sein des parfums précieux. Emportant sa prière et ses larmes aux deux. Alors, rêvant aux biens que ce monde nous donne. Il laissera tomber sur le froid monument Les rameaux affligés dont la gloire environne Son front triste et charmant. Alors je resterai seule, mais consolée, Les vents respecteront l'empreinte de ses pas. Déjà je voudrais être au fond de la vallée ; Déjà je l'attendrais... Dieu ! s'il n'y venait pas ! |
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Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859) |
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Portrait de Marceline Desbordes-Valmore | |||||||||
Biographie / OuvresNée à Douai en 1786, elle devient chanteuse puis comédienne et elle épouse en 1817 un certain Valmore, acteur dont elle fera passer le nom à la postérité. Chronologie |
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