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Marceline Desbordes-Valmore



Les deux amitiés - Poéme


Poéme / Poémes d'Marceline Desbordes-Valmore





A mon amie,
Albertine
Gantier



Il est deux
Amitiés comme il est deux
Amours.

L'une ressemble à l'imprudence ;
Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance,

C'est une enfant qui rit toujours.

Bruyante, naïve, légère,

Elle éclate en transports joyeux.
Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
Elle confond les rangs et folâtre avec eux.

L'instinct du cour est sa science,

Et son guide est la confiance.

L'enfance ne sait point haïr ;

Elle ignore qu'on peut trahir.
Si l'ennui dans ses yeux (on l'éprouve à tout âge)

Fait rouler quelques pleurs,
L'Amitié les arrête, et couvre ce nuage

D'un nuage de fleurs.
On la voit s'élancer près de l'enfant qu'elle aime,
Caresser la douleur sans la comprendre encor,
Lui jeter des bouquets moins riants qu'elle-même,
L'obliger à la fuite et reprendre l'essor.

C'est elle, ô ma première amie !
Dont la chaîne s'étend pour nous unir toujours.

Elle embellit par toi l'aurore de ma vie,
Elle en doit embellir encor les derniers jours.

Oh ! que son empire est aimable !
Qu'il répand un charme ineffable
Sur la jeunesse et l'avenir,
Ce doux reflet du souvenir !
Ce rêve pur de notre enfance
En a prolongé l'innocence ;
L'Amour, le temps, l'absence, le malheur,
Semblent le respecter dans le fond de mon cour.
Il traverse avec nous la saison des orages,
Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous luit ;
C'est, ma chère, un jour sans nuages
Qui prépare une douce nuit.

L'autre
Amitié, plus grave, plus austère,
Se donne avec lenteur, choisit avec mystère ;
Elle observe en silence et craint de s'avancer ;
Elle écarte les fleurs, de peur de s'y blesser.
Choisissant la raison pour conseil et pour guide.
Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas :
Son abord est craintif, son regard est timide ;
Elle attend, et ne prévient pas.

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Marceline Desbordes-Valmore
(1786 - 1859)
 
  Marceline Desbordes-Valmore - Portrait  
 
Portrait de Marceline Desbordes-Valmore

Biographie / Ouvres

Née à Douai en 1786, elle devient chanteuse puis comédienne et elle épouse en 1817 un certain Valmore, acteur dont elle fera passer le nom à la postérité.

Chronologie


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