Marceline Desbordes-Valmore |
La mort vient de frapper les plus beaux yeux du [monde. Nous ne les verrons plus qu'en saluant les deux. Oui, c'est aux deux déjà que leur grâce profonde Comme un aimant d'espoir semble attirer nos yeux. Belle étoile aux longs cils qui regardez la terre, N'êtes-vous pas Delphine enlevée aux flambeaux, Ardente à soulever le splendide mystère Pour nous illuminer dans nos bruyants tombeaux ? Sa grande âme ingénue avait peur de la joie. Ludde et curieuse à l'égal des enfants, Du long regard humide où le rire se noie. Elle épiait les pleurs sous les fronts triomphants. Albert Durr l'avait vue à l'étude penchée, Au monde intérieur où lui seul pénétrait, Quand sa mélancolie étemelle et cachée Dans un ange rêveur la peignit trait pour trait. Son enfance éclata par un cri de victoire. Lisant à livre ouvert où d'autres épelaient, Elle chantait sa mère, elle appelait la gloire, Elle enivrait la foule... et les femmes tremblaient Et charmante, elle aima comme elle était : sans feinte ; Loyale avec la haine autant qu'avec l'amour. Dans ses chants indignés, dans sa furtive plainte, Comme un luth enflammé son cour vibrait à jour ! Elle aussi, l'adorable ! a gémi d'être née. Dans l'absence d'un cour toujours lent à venir. Lorsque tous la suivaient pensive et couronnée, Ce cour, elle eût donné ses jours pour l'obtenir. Oh ! l'amour dans l'hymen ! Oh ! rêve de la femme ! Ô pleurs mal essuyés, visibles dans ses vers ! Tout ce qu'elle taisait à l'âme de son âme, Doux pleurs, allez-vous-en l'apprendre à l'univers ! Elle meurt ! presque reine, hélas, et presque heureuse, Colombe aux plumes d'or, femme aux tendres [douleurs ; Elle meurt tout à coup d'elle-même peureuse. Et, douce, elle s'enferme au linceul de ses fleurs. Ô beauté ! souveraine à travers tous les voiles ! Tant que les noms aimés retourneront aux deux, Nous chercherons Delphine à travers les étoiles, Et son doux nom de sour humectera nos yeux. |
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Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859) |
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Portrait de Marceline Desbordes-Valmore | |||||||||
Biographie / OuvresNée à Douai en 1786, elle devient chanteuse puis comédienne et elle épouse en 1817 un certain Valmore, acteur dont elle fera passer le nom à la postérité. Chronologie |
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