Marie-Joseph Chénier |
Marchand de vers, jadis poète, Abbé, valet, vieille coquette, Vous arrivez ' : Paris accourt. Eh ! vite, une triple toilette : Il faut unir à la cornette La livrée et le manteau court. Vous mîtes du rouge à Virgile : Mettez des mouches à Milton ; Vantez-nous bien du même style Et les émigrés et Caton ; Surpassez les nouveaux apôtres En théologales vertus ; Bravez les tyrans abattus, Et soyez aux gages des autres. Vous ne nous direz plus adieu : Nous rendons les clefs de Saint-Piètre ; Mais, puisque vous protégez Dieu, N'outragez plus feu Robespierre. Ce grand pontife aux indévots Rendit quelques mauvais offices; Il eût été votre héros S'il eût donné des bénéfices. Virgile, en de riants vallons, A célébré l'agriculture ; Vous, l'abbé, c'est dans les salons Que vous observiez la nature. Soyez encor l'homme des champs, Suivant la cour, suivant la ville. Votte muse, au pipeau servile, Immortalisa dans ses chants Les lacs pompeux d'Ermenonville, Et les fiers jets d'eau de Marly, Les déserts bâtis par Monville, Et les hameaux de Chantilly. Des princes un peu subalternes, Des grands seigneurs un peu modernes, Ont aujourd'hui les vieux châteaux ; N'importe : le ciel vous fit naître Trop bas pour aimer vos égaux, Trop vain pour vous passer de maître. Les rossignols en liberté Aiment à confier leur tête Aux tameaux du chêne indompté. Que ne peut courber la tempête ; Pour déployer leur noble voix, Ils veulent le frais des bocages, L'azur des deux, l'ombre des bois ; Les serins chantent dans les cages. |
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Marie-Joseph Chénier (1764 - 1811) |
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Portrait de Marie-Joseph Chénier | |||||||||