Mathurin Régnier |
Naissance: 21 décembre 1573 à Chartres Décès: 22 octobre 1613 à Rouen Mathurin Régnier est un poète satirique français. Mathurin Régnier, l'un des écrivains les moins classiques du XVIe siècle (en ce qu'il s'oppose par exemple à Malherbe), naît à Chartres, le 21 décembre 1573, l'année qui suit la Saint-Barthélemy. Son père, Jacques Régnier, notable bourgeois de Chartres, est le créateur, sur la place des Halles, d'un jeu de paume, qui reste longtemps célèbre et est connu sous le nom de tripot Régnier. Sa mère, Simone Desportes, est la sour de l'abbé Desportes, poète connu à l'époque, très bien en cour et pourvu de gros bénéfices. La tradition littéraire rapporte que Mathurin Regnier n'avait pas le comportement exemplaire et édifiant qu'on attend d'un ecclésiastique. Il semble que son état ne l'ait jamais empêché de fréquenter les cabarets et les femmes : il est ainsi un client assidu du célèbre cabaret parisien de la Pomme de Pin, lieu de rencontre des poètes satiriques. Il semble qu'il ait mené une vie de débauche, parfois misérable, mais qu'il avait la réputation d'un homme bon : on le surnomma longtemps le Bon. Des grands satiristes qui remettent la satire au goût du jour dans les toutes premières décennies du siècle, Régnier est sans aucun doute le plus célèbre et le plus talentueux. Et si une fâcheuse réputation de poète mauvais garçon s'est longtemps attachée à lui, la caution de Boileau, reconnaissant en lui l'écrivain qui « a le mieux connu, avant Molière, les mours et les caractères des hommes », a largement suffi à asseoir sa postérité littéraire. D'autant que la place de Régnier apparaît comme très particulière : neveu de Desportes, il est en fait très éloigné des grâces maniéristes du poète des Amours d'Hippolyte; et lié à Malherbe, avant de se brouiller avec lui, il s'oppose direéte-ment aux conceptions modernes que, contre Desportes, défend celui-ci. En fait, ses références sont à chercher du côté de la Pléiade et de l'humanisme, tant dans la culture antique qui est la sienne, et où Horace a la meilleure part, que dans sa façon d'écrire, libre, non soumise aux exigences de filtration et de rigueur, qu'impose la réforme malherbienne. Traditionaliste, au fond, Régnier est un esprit mesuré, pour lequel la satire, dans la grande tradition horatienne, est le support d'une morale. Sa sagesse même exclut tout extrémisme : un épicurisme prudent, un art de vivre avisé, connaissant ses limites et ne cherchant pas à les dépasser. Avec ça, un sens de l'observation qui en fait un des témoins les plus précis de la vie du temps : même s'il n'en partage pas les modes et les engouements, son art est suffisamment souple pour en rendre compte de la façon la plus juste. Ses portraits, qui ne cèdent jamais à la caricature, ont toujours une finesse de trait qui les fait échapper à la charge outrancière; et son évocation des milieux sociaux fait preuve d'un réalisme aigu, où le cocasse et le pittoresque s'accommodent toujours d'une sorte de stylisation qui exclut la déformation grotesque. Ainsi, lorsqu'il évoque son inadaptation personnelle à la vie de cour, sa dénonciation de la comédie courtisane et de ce « pays étrange où comme un vrai Protée à toute heure on se change » offre-t-elle tout autant la sûreté de touche du peintre que la réflexion du moraliste. Il est le neveu du poète Desportes, que Malherbe avait pris comme cible en annotant sévèrement ses ouvres. Est-ce en partie par solidarité familiale ? Régnier n'apprécie guère l'adversaire de son oncle. À lui et à ses disciples, il reproche d'être « faibles d'inventions », « froids à l'imaginer », de manquer de fantaisie, de donner trop d'importance à la perfection de la forme (Satire IX). Il préfère le réalisme au sublime. Il aime mieux suivre son naturel plutôt que de polir et repolir ses vers. Et certes. ses Satires. qui dénoncent les ridicules et les vices de son temps, plaisent par leur spontanéité. Mais c'est parfois au prix d'un certain laisser-aller, rançon obligée de la facilité. Les ouvres complètes de Régnier, publiées par ses amis l'année même de sa mort (1613), comprennent, pour l'essentiel, outre des élégies et des épîtres, les fameuses satires, au nombre total de dix-neuf. Ouvres Satires N° I à XVI ; Épitres ; Élégies ; Poésies diverses ; Poésies spirituelles ; Poésies attribuées à Régnier. Étude : Joseph Vianey, Mathurin Régnier, Paris, Hachette, 1896. |
Mathurin Régnier (1573 - 1613) |
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Portrait de Mathurin Régnier | |||||||||