Maurice Henry |
Ce que tu voudras. Elle a, la nuit, des culottes de ciseaux et dans la bouche, entre les dents et la langue, le gant des grands oiseaux qui s'obstinent à vouloir mourir. Je ferai ce que tu voudras. La tête au front lisse, avec cette insaisissable étoffe, est-ce velours ou soie, et de quelle couleur, dans laquelle s'enfoncent les doigts, contre laquelle crissent les ongles - l'horizon se déchire - et que depuis l'enfance elle caresse sur l'oreille de roche spongieuse, parce qu'une fois les yeux fermés elle fait l'amour, le rideau retombe. Je te donnerai ce que tu voudras. À portée de sa main, le vent, il ternit les dents par bouffées comme sur le nickel l'haleine, et sa chevelure secoue ses feuilles et ses fleurs sur la petite place déserte, à l'heure où tout le monde dîne, et où les enfants jettent leurs dernières billes dans la rainure du caniveau. L'aquarium tant que tu voudras. Sur son Ut blanc, la neige devient plus brillante, les fenêtres battent, une longue clameur sourd des crevasses où les nuages attardés s'accrochent aux portemanteaux, les miroirs de l'antichambre se brisent parce qu'on allume soudain l'électricité, son départ chaque fois fait fondre les immeubles et le niveau de la Seine monte un peu plus vite ; puis la course échevelée tremblante, on ne voit plus rien que les traces de lèvres sur les journaux perdus au bord des trottoirs. |
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Maurice Henry (1907 - 1984) |
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Portrait de Maurice Henry | |||||||||