Max Elskamp |
I J'ai triste d'une ville en bois, - Tourne, foire de ma rancour, Mes chevaux de bois de malheur - J'ai triste d'une ville en bois, J'ai mal à mes sabots de bois. J'ai triste d'être le perdu D'une ombre et nue et mal en place, - Mais dont mon cour trop sait la place - J'ai triste d'être le perdu Des places, et froid et tout nu. J'ai triste de jours de patins - Sour Anne ne voyez-vous rien ? - Et de n'aimer en nulle femme ; J'ai triste de jours de patins, Et de n'aimer en nulle femme. J'ai triste de mon cour en bois, Et j'ai très-triste de mes pierres, Et des maisons où, dans du froid, Au dimanche des cours de bois, Les lampes mangent la lumière. Et j'ai triste d'une eau-de-vie Qui fait rentrer tard les soldats. Au dimanche ivre d'eau-de-vie, Dans mes rues pleines de soldats, J'ai triste de trop d'eau-de-vie. II Je n'ai plus de ville, Elle est soûle Et pleine de cours renégats, Aux tavernes de Golgotha, J'en suis triste jusqu'à la mort ; Je n'ai plus de ville, Elle est soûle. Mon Dimanche est mort pour de bon ; Dans les armoires de mes torts Mes robes ont changé de ton, Vides, les robes de ma mort Sont mortes et pour tout de bon. Et sont mortes les bien-aimées ; Et ma seule religion, Aux huiles d'extrême-onction, Va mourir loin des bien-aimées ; La mort meurt et les bien-aimées. Et tout vit, pour que bien s'annule La chair dans les robes qui brûlent, Où les baisers même sont mal ; Et tout vit, pour que bien s'annule La chair dans les robes qui brûlent. IV Maçons de ma communion En ouvre pour la ville-extase, Faites rire la blanche grâce Des églises et des maisons, Maçons de ma communion. Maçons des mains, maçons des pieds, Levez dans mes loins terrains vagues La ville en rond comme une bague, Et d'enfants pleine, et de pitié, Maçons des mains, maçons des pieds. Maçons de joie sur les échelles, Maçons tout-droit dans du beau ciel, Couvrez-les, mes maisons nouvelles, De chaume blond ainsi qu'un miel, Maçons de joie sur les échelles. Maçons très doux, prenez la neige Pour mortier, et n'oubliez point Les bonnes madones aux coins Des ruelles où sont les miens ; Maçons très doux, prenez la neige. Maçons, du revers des truelles, Ecrasez et juifs, et serpents ; Maçons, en beaux tabliers blancs, Bâtissez au chant des truelles La ville de mes trois arpents. |
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Max Elskamp (1862 - 1931) |
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Portrait de Max Elskamp | |||||||||
Biographie / chronologie1862 - Naissance à Anvers, rue Saint-Paul, de Max Elskamp. Ouvres / orientation bibliographiqueOuvres |
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