Max Elskamp |
Anges, des mauvaises maisons Dans le noir et mes yeux voyagent ; Anges de velours, anges bons, Mes yeux en sont à des images. Où mes lèvres cherchent la place Au baiser la plus harmonique, Et ma bouche berce, en musique, Entre les seins nus des Trois-Grâces. Anges, la chair du soir m'envoûte, Et j'ai plus mal à ma migraine Où la femme, en feu, de mes veines Siffle dans les eaux de mes doutes ; Et des cheveux tombés me peinent, Et mes mains pour errer n'ont place Et frais, le boire-aux-yeux me glace Comme d'un bain à des fontaines. Anges, des ventres me saluent Au chapitre vague des moelles, Sous des yeux, comme des étoiles, Derrière une montagne nue Où, des robes, le rein dégorge Ceint, ainsi que de zodiaques, Par les ceintures d'or, qui parquent Haut les cimes dures des gorges ; Anges du ciel qui n'est plus mien, La reine de Saba me baise Sur les yeux, anges très-chrétiens, Dans le noir des maisons mauvaises. Mais les anges sont morts de peine, Et la chair aussi s'est éteinte, Et les lampes, comme en la crainte D'éclairer, fument et se traînent ; Et des roues dorées s'embarrassent A la voie blanche des plafonds, Avec des yeux gros dans des ronds D'indéterminables surfaces. Mais les yeux, faites les joyeux, Et faites des baisers les bouches, Car viennent les enfants qu'on couche, Mais les yeux, faites les joyeux ; Allez, les doigts, aux vieux ouvrages Qui n'avancent depuis longtemps, Allez, pour le tuer le temps, Allez, les doigts à des ouvrages, Dans le rituel doux des lampes Où les grands-parents protestants, Au dimanche long se mourant, Ont mal de sang trop lourd aux tempes. Et lors, c'est la fin venue de mes fêtes, Et puis la vieillesse aussi de ma tête ; Rentrez les drapeaux dans l'humidité De la nuit, mes drapeaux de vanité ; Tout est fini, les dimanches sont morts, Mes pauvres petits dimanches sont morts. Qu'importe d'adieux ; ce sont les semaines A présent, et les mains rouges qui peinent. Et bien heureux sont ceux d'âme assez forte Que le travail attend, bon, à leur porte ; Les semaines sont et les mains sont reines, Et s'en vont du port blanches les carènes Des beaux vaisseaux du dimanche attardés. Or, c'est fini de très loin regarder En des nonchaloirs heureux de rien faire, Et déjà les juifs reparlent d'affaires. Et lors, c'est la fin venue de mes fêtes, Et puis la vieillesse aussi de ma tête, Tout est fini, les dimanches sont morts. Mes pauvres petits dimanches sont morts. |
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Max Elskamp (1862 - 1931) |
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Portrait de Max Elskamp | |||||||||
Biographie / chronologie1862 - Naissance à Anvers, rue Saint-Paul, de Max Elskamp. Ouvres / orientation bibliographiqueOuvres |
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