Max Elskamp |
Or, c'est la mer, soyez louée, Marie du ciel qui s'est fait chair Ineffablement sur la mer, Marie qui m'avez pardonné Mes villes enfin expiées De tant de jours combien amers, Marie, étoile de la mer, Après mes villes expiées. Lors, c'est foi perdue retrouvée Avec les clefs du paradis, Et doutes morts ou repentis, Aujourd'hui c'est foi retrouvée. Puis voiles pour toute l'année Dans les venues et les aller Aux Joins pays bien étrangers, Puis voiles pour toute l'année ; Et c'est vertu récompensée, Mes pauvres yeux si bons manyrs D'attendre mer jusqu'à mourir, Et c'est vertu récompensée. Et de vaisseaux, et de vaisseaux, Et de voiles, et tant de voiles, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus qu'il n'est d'étoiles ; Et cependant je sais, j'en sais Tant d'étoiles et que j'ai vues Au-dessus des toits de mes rues, Et que j'ai sues et que je sais ; Mais des vaisseaux il en est plus, - Et j'en sais tant qui sont partis - Mais c'est mon testament ici, Que de vaisseaux il en est plus ; Et des vaisseaux voici les beaux Sur la mer, en robes de femmes, Allés suivant les oriflammes Au bout du ciel sombré dans l'eau, Et de vaisseaux tant sur les eaux La mer semble un pays en toile, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus qu'il n'est d'étoiles. Car voici vos petits noms d'ailes, Les tartanes, les balancelles, Voici trop petits vos noms d'eau Comme s'appellent les oiseaux, D'alors que bal de mer s'apprête Pour vos grandes sours les goélettes Et leurs cousines un peu feues Les frégates à guidons bleus. Or, ce sont lors aussi vos voiles Les felouques en mal de toile, Les grands trois-mâts vous l'ont volé Le vent, les grands trois-mâts carrés ; Puis, balourds mais aussi bons bougres, Encor voici parler les lougres, Affirmant qu'ils viennent de Perse Aux douaniers, par la traverse ; Mais c'est mensonge et les semaques Complices l'avoûront à Pâques Ou la Trinité, mais très loin Aux bons baleiniers de Baffin ; Or, vous, peuple mien d'âme et d'ailes, Ne mentez, allez vos chemins, Les tartanes, les balancelles, Avec vos tout petits noms d'ailes. Car la mer qui disait son charme S'est tue, en l'oreille des mousses, L'aiguade faite aux terres rousses Leur a montré la joie des armes ; Et voici qu'il fait vent de flèches Du côté des îles Marshall, Et pour les morts, comme des shalls, Les fiers drapeaux sont prêts et rêches. Mais feu ! les beaux châteaux de poupe Fument tels des autels de saints, La Belle-Poule a des poussins, Mais feu ! les beaux châteaux de poupe ; Et les îles de paille brûlent, Et les drapeaux de lin saluent, Et les mousses voient, toutes nues, Les méchantes îles qui brûlent Entre les tours en queue d'aronde De votre couronne d'argent, Marie, sous les beauprés en blanc, Si fatiguée au bout du monde. |
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Max Elskamp (1862 - 1931) |
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Portrait de Max Elskamp | |||||||||
Biographie / chronologie1862 - Naissance à Anvers, rue Saint-Paul, de Max Elskamp. Ouvres / orientation bibliographiqueOuvres |
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