Michel de Cubières |
Naissance: 27 septembre 1752 Roquemaure dans le Gard Décès: le 23 août 1820 Paris Michel de Cubières, est un homme de lettres, poète et auteur dramatique français. Se faisant fait appeler tour à tour le Chevalier de Cubières, Dorat-Cubières, Citoyen Cubières, Michel de Cubières-Palmézeaux entre la fin de l'Ancien Régime et la Restauration, il est resté dans l'histoire littéraire comme un emblème de la girouette politique et du poète frivole. Monté de son Gard natal à Paris, il abandonna la soutane pour la poésie et les salons. Il devint le disciple de Dorai et, à la mort de celui-ci, l'amant de Fanny de Beauharnais. Eu souvenir de son mairie, il se fît appeler parfois Dorat-Cubières. Ses héroïdes et ses poésies légères alternent avec des professions de loi vol-tairiennes et anticléricales. Il mit sa plume au service de la Révolution : Etats généraux du Parnasse (1791), Calendrier républicain (1796), avant de chanter l'Empire puis la Restauration. Son Essai sur l'art poétique date de 1812. On lira aussi «Ma maîtresse nouvelle» de Cubières dans le Chansonnier révolutionnaire (n" 78). Frère cadet de Louis Pierre, page de Louis XV et écuyer de Louis XVI, Michel de Cubières, que l'on destine à l'état ecclésiastique, est envoyé au séminaire à Orange, à Nîmes et à Paris. Exclu de Saint-Sulpice pour mauvaise conduite, il sollicite le patronage du poète-mousquetaire Claude Joseph Dorat, qui lui conseille de troquer son habit noir contre un autre de taffetas à lames roses, de rechercher les faveurs des femmes de condition, et surtout de relire Les Tourtourelles de Zulims, dont l'auteur n'est autre que lui-même. Michel de Cubières suit ses conseils à la lettre. Devenu écuyer de la comtesse d'Artois, il ne tarde pas à faire de la protectrice et amante de Dorat, Fanny de Beauharnais, sa maîtresse attitrée. Il inonde le public de petits vers galants, douceureux et fadement spirituels à la gloire des Iris et des Chloé qui peuplent les pages de l'Almanach des Muses. À la mort de Dorat, en 1780, il prend en son hommage le nom de Dorat-Cubières. Le jeune abbé chevalier allait commencer sa théologie lorsqu'il eut la pensée de publier une des pièces qu'il avait composée en secret : Lettre de Saint Jérôme à une dame romaine, une épitre d'environ 500 vers alexandrins, pleine de détails licencieux dans laquelle, le Saint s'exprime comme un profane. Il fut renvoyé sur le champ du séminaire. Ses années de séminaire ont nourri un anticléricalisme voltairien qui le suit de sa phase mondaine, où il rime des poésies légères, à sa période révolutionnaire, où il compose des hymnes patriotiques. Une même volonté de libérer la littérature se retrouve dans ses conceptions de la poésie et du théâtre. Au début du XIXe siècle, il resta fidèle à une double tradition du siècle précédent : la littérature légère et la foi philosophique (Hippolyte, 1803 ; Ninon de Lenclos, 1806). Bibl. Michel Delon, « Cubières, poète de la Révolution », Lendemains, 55-56, 1989, et «Poésie satirique et débat idéologique à l'aube du XIX siècle... Romantisme. 39, 1983. Essai sur L'art POETIQUE. - 1. Voir les poèmes de Colardeau. p. 202, et de Mercier, p. 284. - 2. L'Encyclopédie définit l'allégorie comme la « métaphore continuée qui sert de comparaison pour faire entendre un sens qu'on n'exprime pas, mais qu'on a en vue». - 3- Jean-Jacques Rousseau dans son Dictionnaire de musique définit la romance comme un air sur lequel on chante un petit poème «duquel le sujet est pour l'ordinaire quelque histoire amoureuse, et souvent tragique», il précise qu'elle «doit être écrite d'un style simple, touchant cr d'un goût un peu antique... «Les romances ont quelque chose de tendre et de plainrif, qui charme le cceur en le coniristant », explique Louvet de Cou-vray dans son roman, Emilie de Varmont (Paris, 1791, t. 11, p. 91). Voir la romance de Chérubin dans Le Mariage de Figaro, p. 216. - 4. Cubières emploie au féminin le mot masculin épitbalame. LE DÉFENSEUR DE LA PHILOSOPHIE - 1. Le changement de siècle en 1800 fut l'occasion d'un grand nombre de satires, qui dénon çaient la philosophie des Lumières et la Révolution en se rctén.nt au modèle de Gilbert. Cubières prend la défense des Lumières. - 2. Cubières explique lui-même en note : « Toussaint, auteur des Mours, fut surnommé le capucin Panage, apparemment parce qu'il avait commencé par taire des hymnes à la louange du diacre Paris. » - 3. Helvétius possédait le château de Voré dans l'Orne. - 4. Sur Rabaut, voir p. 470 ci sur Roucher, p. 490. - 5. Anacharsis Cloots : en noie, Cubières distingue Fauteur de la Certitude des preuves du mahométisme de l'agitateur révolutionnaire. Sur le personnage, né en 1755 ei guillotiné en 1794, voir Roland Mortier, Anacharsis Cloots ou l'utopie foudroyée. Stock, 1995. - 6. En note, Cubières présente Paync comme « un des plus grands philosophes de ce siècle». Ce pamphlétaire anglais (1737-1809) s'enthousiasma pour la Révolution américaine, puis pour la Révolution française. Il devint citoyen français et députe a la (Convention. Voir Bernard Vincent, Thomas Paine ou la religion de la liberté. Aubier, 1987. 7. Le marquis d'Argcns (1704-1771). auteur des Lettres juives (1736), de nombreux romans et sans doute de Thérèse philosophe (1748), Nicolas Antoine Boulanger (1722-1759), auteur des Recherches sur Torigine du despotisme oriental (1761), et Nicolas Erérct (1688-1749), membre de l'Académie des inscriptions, sont trois auteurs caractéristiques des premières Lumières, mais exploités après leur mort dans le sens de la radi-calisation. Des manuscrits de Boulanger et de Fréret ont été édités par d'Holbach. Publications Lettre d'un solitaire de Chalcide à une dame romaine, suivie de pièces fugitives, 1773 Les Hochets de ma jeunesse, 1780 Éloge de Voltaire, composé par Voltaire lui-même, 1780 Texte en ligne Éloge de Claude Joseph Dorat, suivi de poésies qui lui sont relatives, d'une apologie de Colardeau, d'un dialogue intitulé Gilbert et une Furie, de la Vengeance de Pluton, et de quelques pièces détachées, 1782 Fontenelle jugé par ses pairs, ou Éloge de Fontenelle, en forme de dialogue entre trois académiciens, des Académies française, des sciences et des belles-lettres, 1783 L'École des filles, histoire morale, 1784 Texte en ligne Lettre à M. le Mis de Ximenès, sur l'influence de Boileau en littérature, 1787 Texte en ligne Les États-Généraux de Cythère, imitation très libre de l'italien du comte Algarotti, 1789 Texte en ligne Voyage à la Bastille, fait le 16 juillet 1789, et adressé à Mme de G., à Bagnols, en Languedoc, 1789 Texte en ligne Les États-Généraux du Parnasse, de l'Europe, de l'Église et de Cythère, ou les Quatre Poèmes politiques, lus au Lycée du Palais-Royal et suivis de plusieurs autres poèmes, 1791 Texte en ligne Observations à MM. les auteurs de la Chronique de Paris sur l'état actuel de la Savoye, relativement à la Révolution de France, 1791 Texte en ligne Poésies philosophiques et descriptives des auteurs qui se sont distingués dans le dix-huitième siècle, 3 vol., 1792 Les Rivaux au cardinalat, ou la Mort de l'abbé Mauri, poème héroï-comique en trois chants, 1792 Texte en ligne Le Calendrier républicain, poème en deux chants, suivi de trente-six hymnes civiques pour les trente-six décades de l'année, 1793 Texte en ligne Nouveau chansonnier patriote, ou Recueil de chansons, vaudevilles, et pots-pourris patriotiques, par différents auteurs, dédié aux martyrs de la Révolution, avec leurs portraits, précédé de leurs Éloges, 1793 Texte en ligne Poème à la gloire de Marat, 1793 Texte en ligne La Mort de Basseville, ou la Conspiration de Pie VI dévoilée, 1793 Le Progrès des arts dans la République, poème, 1796 Le Défenseur de la philosophie, ou Réponse à quelques satires dirigées contre la fin du XVIIIe siècle, 1799 Texte en ligne La Paix avec l'Empereur, ou le Traité de Lunéville, poème, suivi d'une Épître à Virgile sur la bataille de Marengo, 1800 Texte en ligne Les Petits-Saints, ou Épître à Chénier, pour servir de supplément aux Nouveaux Saints, 1800 Texte en ligne Boileau jugé par ses amis et par ses ennemis, ou le Pour et le Contre sur Boileau, 1802 La Bataille d'Austerlitz, poème, 1806 Recueil des pièces intéressantes sur les arts, les sciences et la littérature, ouvrage posthume de Sylvain Bailly, précédé de la vie littéraire et politique de cet homme illustre, 1810 Histoire des compagnes de Maria, ou Épisodes de la vie d'une jolie femme, 1811 Jenner, ou Le triomphe de la vaccine, 1811 Texte en ligne L'Art du quatrain, essai didactique en IV chants, suivi d'un grand nombre de quatrains sur les monuments français d'architecture, de peinture, de sculpture, de gravure, etc. ; d'un poème sur le progrès des arts et de quelques distiques, 1812 Chamousset, ou la Poste aux lettres, poëme en 4 chants, précédé d'une dissertation historique sur l'origine, l'usage et l'utilité des postes, 1816 Théâtre: La Manie des drames sombres, comédie en 3 actes, en vers, Fontainebleau, 29 octobre 1776 Texte en ligne Galathée, comédie en 1 acte et en vers libres, Versailles, Théâtre de la Cour, 21 septembre 1777 La Vengeance de Pluton, ou Suite des Muses rivales, en un acte, en vers et en prose, 1779 Texte en ligne Les Deux centenaires de Corneille, pièces en un acte et en vers, 1785 Texte en ligne La Mort de Molière, pièce historique en 4 actes en vers et à spectacle, Paris, Comédie-Française, 31 janvier 1788 La Jeune épouse, comédie en 3 actes, en vers, Paris, Théâtre-Français, 4 juillet 1788 La Double épreuve, ou la Boiteuse et la borgne, comédie en 3 actes en prose, Paris, Théâtre des Variétés du Palais-Royal, 1788 L'Homme d'État imaginaire, comédie en 5 actes en vers, 1789 La Baronne de Chantal, fondatrice de l'ordre de la Visitation, drame historique en 3 actes et en vers, suivi d'une lettre de St Jérôme à une dame romaine, 1794 Texte en ligne Hippolyte, tragédie en 3 actes, imitée d'Euripide, Paris, Théâtre du Marais, 27 février 1797 La Marquise de Pompadour, ou Germon et Juliette, comédie en 3 actes en prose, Paris, Théâtre Molière, 1797 La Diligence de Lyon, comédie en 3 actes et en prose, Paris, Théâtre des Jeunes Élèves, 5 août 1802 Paméla mariée, ou le Triomphe des épouses, drame en 3 actes, en prose, avec Benoît Pelletier-Volméranges, d'après Carlo Goldoni, Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 30 mars 1804 La Mort de Caton, tragédie en 5 actes, en vers, 1804 Nathan le Sage, ou le Juif philosophe, comédie héroïque en 3 actes, en prose, ornée de ballets et de spectacles, 1805 Roméo et Juliette, tragédie lyrique en 3 actes, précédée d'un prologue, avec Pierre-Louis Moline, 1806 L'Amour platonique, ou le Nez postiche, comédie en un acte et en prose, 1806 Clavijo, ou la Jeunesse de Beaumarchais, drame en 3 actes et en prose, 1806 Le Faux misanthrope, ou le Sous-lieutenant, comédie en 3 actes et en prose, imitée de l'allemand de Friedrich Ludwig Schröder, 1806 Ninon de Lenclos et le Prisonnier masqué, drame en 3 actes et en prose, 1806 L'Épreuve singulière ou la jambe de bois, comédie en trois actes en prose, s. d. Ouvres Opuscules poétiques, 1784 Théâtre moral, ou Pièces dramatiques nouvelles, 2 vol., 1786 Ouvres choisies, 1793 Texte en ligne Ouvres dramatiques de C. Palmézeaux, ou Recueil des pièces de cet auteur qui ont été représentées sur différents théâtres, 4 vol., 1812 |
Michel de Cubières (1752 - 1820) |
Portrait de Michel de Cubières |