Michel de Cubières |
Animés par Bacchus, au sortir d'une orgie. Du fougueux dithyrambe empruntant les accents, N'avez-vous point le soir effrayé les passants Des sons de votre voix rauque et désordonnée ? Quand la tendre Héloïse, au cloître condamnée. Écrit à son amant du fond de son tombeau, N'êtes-vous point tentés d'imiter Colardeau, Ce Colardeau formé dans l'école d'Ovide, Et tournant mieux que lui la plaintive héroïde ' ? Lorsque la maladie a conduit au trépas L'ami qu'hier encor vous serriez dans vos bras, N'avez-vous point, frappés d'une atteinte imprévue, Les yeux mouillés encore, et l'âme encore émue. Par une inscription, consacré vos douleurs. Et fait marcher ensemble et vos vers et vos pleurs ? Si vous vous rappelez l'esclave de Phrygie, Vous devez estimer la sage allégorie. L'homme libre, enchaîné sous la loi des imans, Par elle met au jour ses nobles sentiments, Se moque du muphti, du grand seigneur lui-même, Et couvrant sa fierté du voile de l'emblème, Le fils du grand Buffon qu'eût tant pleuré sa mère, A-t-il dû son trépas aux écrits de son père ? Et le baron d'Holbach s'est-il jamais assis À côté du baron Cloots Anacharsis ? Serait-ce à Diderot qu'on a dû les noyades ? Faut-il sur d'Alembert jeter les fusillades ? Payne à l'ordre du jour a-t-il mis la Terreur? Le sage Condillac a-t-il prêché l'erreur? D'Argens a-t-il prêché l'affreuse oligarchie. Boulanger l'ignorance, et Fréret l'anarchie? |
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Michel de Cubières (1752 - 1820) |
Portrait de Michel de Cubières |