Michel Deguy |
L'hiver comme une grange sonore les chiens s'y répondent. Face morte du jardin ; et nous songeons que beaucoup sont en prison. De la terre plus vite que jamais le cour épuise le tour. Hiver, buisson de cendres. Sol mis à nu. Le clairvoyant hiver met la place au pur, borne d'une lice où peut avoir lieu entre la lumière et nous la reconnaissance. L'esprit regarde, le monde est sa passion; il ne peut, ne sait, ne veut le quiller des yeux. Toute la terre notre idole, chiffre de sa profusion toute étalée, splendeur qui parle de soi. Parfois les yeux chavirent en suivant le cour où frappe soudain il ne sait encore quelle image, plus pâle qu'une flamme. Stagnante l'eau, mais l'arbre pousse. Son imminence la mort; elle est le lendemain; pour tout sourire l'échéance, pour toute tendresse son revirement. Nous repassions par les mêmes sévices, par les mêmes jours, comme on repasse par la même mer. En foule, gens de peau, et comme un animal en somme inlassable. Ame injectée de sang, que veux-tu ce matin? Longuement de silence. Le jour de vie l'espace ne manquera pas. Nous aurons fait peau neuve et serons hommes autant que pierre l'épaule de silex où ruissellera la rivière. |
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Michel Deguy (1930 - ?) |
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Portrait de Michel Deguy | |||||||||
Biographie / OuvresMichel Deguy, né en 1930 à Paris, est professeur à l'Université de Paris VIII. Président du Collège International de Pliiloso-phie de 1989 à 1992, il préside la Maison des écrivains (jusqu'à fin 1998) et le Centre International de poésie de Marseille. Il est rédacteur en chef de la revue Po&sie (Beliu), membre du comité de la revue Les Temps modernes. Après les prix Fénéon, Max Jacob et Ma |
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