Michel Deguy |
Un jour la diastole exagérée de l'idée la prive du sensible. Et, comme le respect de la femme et le courage de soutenir l'abstinence de l'idée - l'amour même de son retrait - croissent ensemble, on parle « d'amour platonique ». Mais sa chasteté exténue l'idée occitanienne, et le goût du fugace recroît avec un bruit de source. Soudain se dévergonde un don-juanisme du singulier ; favorisé par le discrédit de l'impérissable, le barbare s'acclimate en un monde sombre où la mortalité augmente avec la singularité : c'est le précaire maintenant qui est le plus valide. Las ! Dans le renversement l'Idée est toujours là ; brisée, ses miettes enfouies dans le sensible y scintillent et les facettes multipliées capturent plus d'alouettes - La femme ne serait-elle plus que chair ? pas même - mais l'Idée de la chair. C'est le temps de la rencontre avec l'idée de la femme charnelle. De l'étreinte fugitive - tout est devenu fugitif - jaillira, comme d'une orange fraîche dans la nuit, l'idée d'un culte de l'éphémère. L'éternité trouve logement, dans l'instant. Le dire a beau idolâtrer le vif, l'idée s'interpose entre la déception et l'être. L'ombre dérobe la proie de plus belle. Finalement, nous sommes moins notre corps qu'autrefois - plutôt ailleurs. Nous faisons moins corps. Il en résulte que nous acceptons moins de périr ; le regard, le pur regard, supporte mal cet échec : le viscère. |
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Michel Deguy (1930 - ?) |
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Portrait de Michel Deguy | |||||||||
Biographie / OuvresMichel Deguy, né en 1930 à Paris, est professeur à l'Université de Paris VIII. Président du Collège International de Pliiloso-phie de 1989 à 1992, il préside la Maison des écrivains (jusqu'à fin 1998) et le Centre International de poésie de Marseille. Il est rédacteur en chef de la revue Po&sie (Beliu), membre du comité de la revue Les Temps modernes. Après les prix Fénéon, Max Jacob et Ma |
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