Mohammed Bentalha |
À quoi bon incriminer la langue ? Ce n'est qu'un ventilateur et la mousse qui pétille est le maître premier Eau nageuse débutante n'es-tu pas lasse lasse de tant d'allées et venues entre deux fleuves entremêlés le fleuve de volupté et celui de douleur ? Quoi qu'il en soit la soif prime et c'est le chiffre qui a attiré sur nous tout cela Que ne suis-je aveugle ! Au moins le pire deviendrait possible en un clin d'ceil et avant que les senteurs n'inaugurent leur matin suivant par les narines de la cendre Avec des souffles variés et sans programme Renard après renard ils se sont dressés sur la pointe des pieds et ont dit : Écarte-toi de la porte Puis ils se sont retirés des deux du lieu et du temps Tous sont Botticelli Pour eux la terre n'est rien d'autre qu'une gomme Katmandou est une taverne, pas plus Leur herbe sert à cautériser Il n'est pas d'appel qui tombe ou tombera à leurs pieds sans qu'ils dessinent sur l'eau le signe X Eux sont mes commensaux Leurs éclairs sont aveugles Ils n'empruntent jamais l'autoroute Dans leurs tours il n'est pas dit que leurs plus belles femmes ne soient que de verre froid Ni eux ni moi Je suis leur commensal Une huppe parmi eux Il n'y a pas de quoi pavoiser Nous radotons et les astronomes borgnes suivent à la trace nos postillons Qui dira le contraire ? Notre loast est peut-être le dixième Nulle nouvelle en cette matinée du chariot aveugle et 'de la terre Derrière l'eau C'est comme si un ancien champion olympique et non l'aurore vendait pour un dirham symbolique des pistaches dans la rue du crépuscule Dorénavant pas de pitié pour le raisin et pas de natation si ce n'est sur le dos Mon Dieu hormis cette bouteille flottante hormis ce corps quel prétexte prendra l'eau pour venir ? Ceci n'est ni un berceau ni une tombe Blanches sont les ombres et la grappe que nous avons laissée sous forme de manuscrit avant de fermer les yeux la voici Feuilletez-la si vous voulez A elle seule c'est une grande bibliothèque Plus de grillage entre nous Plutôt un frisson suivi dirait-on par des mains qui se tendent vers nous pour nous saluer de l'intérieur des miroirs Bientôt quelle montgolfière légère comme la terre taraudera le ciel de cette feuille alors que nous sommes à son bord le menton sur les genoux et que les regards que nous échangeons sont telles des huîtres les unes ouvertes les autres non ? Que manque-l-il aux morts ? Que leur manque-t-il pour croire chaque fois qu'un mur même court comme la vie tremble devant eux que ce qui brille là ce ne sont pas les dents de la mer mais une occasion nouvelle ? J'ai failli oublier Depuis que le ronflement de ces gens s'est élevé les décombres se sont amoncelés sous mes paupières Où sommes-nous ? Partons-nous sur la route du vin ou en revenons-nous ? Eurêka ! Là-bas, un lac On dirait la plus ancienne boussole que les morts aient fabriquée On dirait l'âme alors que le corps est une taverne, de nuit et une barque, de jour O la dolce vita ! Ce n'est pas la mousse qui pétille sur nos lèvres mais d'autres personnes avec dans les yeux des bateaux piégés Elles ne battent pas des paupières et chaque fois que nous relevons leurs cils jusque derrière l'eau elles lisent bien dans nos pensées et disent : Il nous suffit du vin ! Je me souviens maintenant : J'étais aveugle et mes dessins tous étaient posés sur le verre O navigateurs Pourquoi l'herbe d'abord pourquoi ? Et le déluge comme n'importe quelle faute inattendue a-t-il encore besoin d'un nombre si considérable de nos caresses ? Moi il n'y a rien de ce que l'eau me conseille que je puisse oublier Retour à la case départ À travers les vitres voici l'agora Mon petit doigt saigne Je suis un autre et rien d'autre que la nuit l'accordéon et un flanc suant et séchant au vu et au su de chacun de nous et de la police des frontières Là, à chaque goutte d'eau il y a un océan Même elle même la fleur du logos est dans une mauvaise passe Elle si experte à faire bouger les objets avec ses yeux à l'état de veille sur ces hauteurs et en l'absence de toute solution de compromis entre le miel et la cendre Malheur à toi, cendre ! La cendre lot de douleur du cendrier La cendre A l'improviste alors que les lèvres de la lumière sont encore tenues tout au long avec des pinces sur une corde de potence dont les extrémités sont la femme et le vin La cendre Même quand nous aurons fini de tirer quelques accords d'une poignée aphone de tritons La cendre Engeance du feu de l'anarchie coureur qui laisse toujours ses pieds derrière lui La cendre La voici devant nous Nos pas y ont imprimé un soupir aveugle et c'est la délicieuse insomnie en son absence La cendre Elle a pour secret le miroir et le vin pour adversaire |
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Mohammed Bentalha (1950 - ?) |
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