Monny de Boully |
L'éventail éternellement s'ouvrant que déchire Que déchira le passage du dernier rapide Plein de voyageurs invisibles leurs haleines embuant les Vitres Des terribles wagons secoués par le frémissement des t lèvres absentes Était-ce ma vie Oui oui j'étais le rameau de fil de fer le squale de l'air M'apprenant à regarder la mer Ô le mal de mer le mal du pays paysages vengeurs Écoute ce miroir ensorcelé écoute ce qu'il prédit «Je te rendrai l'enfance « Émerveillée « Les fessées de ta mère à qui les roses japonaises « Faisaient une vie d'enfer «Englouti par l'ombre sanglante de la matrice première «Tu ne seras ni sept ni treize mais un chiffre d'amour «Ovule infécondable dans l'océan céleste La hache blanche trancha le carcan et ses bras se levèrent au ciel comme des yeux J'ai autrefois juré de me retrouver sur un beau tombeau rêvé Mais les visages ont passé passé passé Mais les nuages ont blêmi mais les souvenirs ont pétrifié mon cour Et la lune si souvent offensa la nuit Que je ne sais plus où j'en suis Te voilà banni de la cité des eaux Et tu n'as pourtant pas perdu ton allure de geyser «Je veux rafraîchir la mémoire du miroir ensorcelé Dit l'idiot magnifique de tout-à-l'heure en tombant à plat ventre sur ce vers de sable bleu «C'est Roland dans sa fureur qui mangea beau miroir la glace magnétisée des mille pôles en blasphémant et le surhomme et la vierge de Saint Luc et les culs-de-jatte et les culs-de-lampe que les jeux des bambins dans les squares rendent monstrueux au bas des chapitres d'un livre imprimé sur papier de verre que je feuilletais pour le plaisir de voir saigner la paume de mon index pendant que je donnais des coups de pied aux réverbères devant les lupanars où j'allais chaque fois que ma maîtresse m'apparaissait en rêve manquant par jalousie au rendez-vous prochain parce qu'elle ne peut supporter mon babillage interminable touchant l'odeur des champignons qui me fait jouir comme les accouplements les plus pervers avec cette femme dont le parfum spécifique me donne la chair de poule en grimpant le long de ma colonne vertébrale ce qui n'est en rien comparable au délire total qui m'emporte pendant la pénétration d'un poil du téton de n'importe quelle laideron dans un de mes pores je t'assure c'est la vérité dans toute sa cruauté» Avec ses paroles s'en allait son corps Son corps était vide comme les wagons remplis de voyageurs invisibles Du train qui m'emporta loin des gares vers l'avenir Vers l'avenir aux prunelles éteintes Le charme était rompu de fatigue Et tu as peur des forêts où s'engouffre le vent voleur de feuilles mortes Tu as peur et je t'aime comme je hais ma vie Et comme je voudrais fuir fuir n'importe où Ô mon pauvre amour sans écho dans le monde des cours Les avenues du sommeil sont encombrées de troncs fossiles J'ai si longtemps étouffé mes pas Que le soleil énorme et aveugle sur l'épaule de la terre Couvrit d'ombre les très-belles les très-profondes rides Il était las de se comprendre dans les maladies parfaites L'if le cap le pic c'est fou Dites-lui qu'il est fou il n'en sera pas plus grand Cristal de roche Rocher qui fait fête à l'aurore Tu sais beaucoup trop bien Il n'avait pas sommeil il avait une envie folle de dormir Et c'était de nouveau l'éruption des flammes célestes Qui couvrit de nébuleuses ma pensée mutilée C'étaient de nouveau les flammes du désir qui firent Disparaître le monde Une armée de fourmis rouges dévorent un peuple de fourmis noires Entre mes cils et mes mains |
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Monny de Boully (1904 - 1968) |
Portrait de Monny de Boully |