Nicole Brossard |
1. une dérive d'intuitions l'enchaînement rapide de la mort et de la vie la beauté du site 2. surtout ne pas faire semblant que le monde s'est arrêté vlan flèche au liane humaniste surtout regarder empiéter sur la blessure une dernière description ouvre d'art ou rien du tout 3. se tenir inutilement mouillée près de la violence la réalité ou la vérité les mâchoires pleines d'énergie je crois qu'il faut des mots simples marcher longuement la nuit écouter le son de l'eau qui persiste raccourci fiévreux dans l'universel 4. un soir d'été à une autre femme je dis toucher n'abolit pas la distance tout est pratiquement réel plus personne n'arrive à marcher dans l'absolu je dis toucher ou caresser à quia 5. la main tendue telle quelle sans autre argument que l'horizon quelques mots pour me détourner de l'impression que nous avons mal là où rien ne ressemble à rien 6. alors j'ai pensé au mot destruction et à tout ce qu'il faudrait rassembler (été, jazz, corps à corps et tango, immensité, jardin, rivage et quelques insectes) pour éviter de voir son propre corps à très grande vitesse recomposer croisant les certitudes la nuit puis chaque nuit encore la nuit 7. avoir heu toute une vie dans sa langue maternelle joie de vie l'avoir là où elle passe rivière creusant sa métaphore pas d'agonie seulement le récit 8. cette fête et choc de la répétidon dos à dos l'humanité ses petites lèvres parlant encore russe, arabe et mandarin le long des mers et des rosiers cette procession de vie «Là, où est la tombe de ma mère » ' |
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Nicole Brossard (1943 - ?) |
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Portrait de Nicole Brossard | |||||||||