Paul Eluard |
Un hiver tout en branches et dur comme un cadavre Un homme sur un banc dans une rue qui fuit la foule Et que la solitude comble Place à l'appareil banal du désespoir A ses miroirs de plomb A ses bains de cailloux A ses statues croupissantes Place à l'oubli du bien Aux souvenirs en loques de la vérité Lumière noire vieil incendie Aux cheveux perdus dans un labyrinthe Un homme qui s'est trompé d'étage de porte de clé Pour mieux connaître pour mieux aimer Où commence le paysage A quelle heure Où donc se termine la femme Le soir se pose sur la ville Le soir rejoint le promeneur dans son lit Le promeneur nu Moins gourmand d'un sein vierge Que de l'étoile informe qui nourrit la nuit Il y a des démolitions plus tristes qu'un sou Indescriptibles et pourtant le soleil s'en évade en chantant Pendant que le ciel danse et fait son miel Il y a des murs déserts où l'idylle fleurit Où le plâtre qui se découd Berce des ombres confondues Un feu rebelle un feu de veines Sous la vague unique des lèvres Prenez les mains voyez les yeux Prenez d'assaut la vue Derrière les palais derrière les décombres Derrière les cheminées et les citernes Devant l'homme Sur l'esplanade qui déroule un manteau de poussière Traîne de fièvre C'est l'invasion des beaux jours Une plantation d'épées bleues Sous des paupières écloses dans la foule des feuilles C'est la récolte grave du plaisir La fleur de lin brise les masques Les visages sont lavés Par la couleur qui connaît l'étendue Les jours clairs du passé Leurs lions en barre et leurs aigles d'eau pure Leur tonnerre d'orgueil gonflant les heures Du sang des aubes enchaînées Tout au travers du ciel Leur diadème crispé sur la masse d'un seul miroir D'un seul cour Mais plus bas maintenant profondément parmi les routes abolies Ce chant qui tient la nuit Ce chant qui fait le sourd l'aveugle Qui donne le bras à des fantômes Cet amour négateur Qui se débat dans les soucis Avec des larmes bien trempées Ce rêve déchiré désemparé tordu ridicule Cette harmonie en friche Cette peuplade qui mendie Parce qu'elle n'a voulu que de l'or Toute sa vie intacte Et la perfection de l'amour. |
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Paul Eluard (1895 - 1952) |
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Portrait de Paul Eluard | |||||||||
Biographie / OuvresEugène Grindel, dit Paul Eluard est né en 1895 à Saint-Denis. En décembre 1912, il doit interrompre ses études , et se rend en Suisse, pour soigner une tuberculose. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnomme Gala et l'épouse en 1916. |
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