Paul Eluard |
Un taillis de nuages sur un rond-point solaire Un navire chargé de paille sur un torrent de quartz Une petite ombre qui me dépasse Une femme plus petite que moi Pesant autant dans la balance des pygmées Qu'un cerveau d'hirondelle sur le vent contraire Que la source à l'oil vague sur la marée montante Un jour plus loin l'horizon ressuscite Et montre au jour levant le jour qui n'en finissait plus Le toit s'effondre pour laisser entrer le paysage Haillons des murs pareils à des danses désuètes La fin maussade d'un duel à mort où naissent des retraites des bougies La mise au tombeau comme on tue la vermine Rire aux éclats une palette qui se constitue La couleur brûle les étapes Court d'éblouissements en aveuglements Montre aux glaciers d'azur les pistes du sang Le vent crie en passant roule sur ses oreilles Le ciel éclatant joue dans le cirque vert Dans un lac sonore d'insectes Le verre de la vallée est plein d'un feu limpide et doux Comme un duvet Cherchez la terre Cherchez les routes et les puits les longues veines souterraines Les os de ceux qui ne sont pas mes semblables Et que personne n'aime plus Je ne peux pas deviner les racines La lumière me soutient Cherchez la nuit Il fait beau comme dans un lit Ardente la plus belle des adoratrices Se prosterne devant les statues endormies de son amant Elle ne pense pas qu'elle dort La vie joue l'ombre la terre entière Il fait de plus en plus beau nuit et jour La plus belle des amantes Offre ses mains tendues Par lesquelles elle vient de loin Du bout du monde de ses rêves Par des escaliers de frissons et de lune au galop A travers des asphyxies de jungle Des orages immobiles Des frontières de ciguë Des nuits amères Des eaux livides et désertes A travers des rouilles mentales Et des murailles d'insomnie Tremblante petite fille aux tempes d'amoureuse Où les doigts des baisers s'appuient contre le cour d'en haut Contre une souche de tendresse Contre la barque des oiseaux La fidélité infinie C'est autour de sa tête que tournent les heures sûres du lendemain Sur son front les caresses tirent au clair tous les mystères C'est de sa chevelure De la robe bouclée de son sommeil Que les souvenirs vont s'envoler Vers l'avenir cette fenêtre nue Une petite ombre qui me dépasse Une ombre au matin. |
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Paul Eluard (1895 - 1952) |
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Portrait de Paul Eluard | |||||||||
Biographie / OuvresEugène Grindel, dit Paul Eluard est né en 1895 à Saint-Denis. En décembre 1912, il doit interrompre ses études , et se rend en Suisse, pour soigner une tuberculose. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnomme Gala et l'épouse en 1916. |
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