Paul Eluard |
Ils n'étaient que quelques-uns Sur toute la terre Chacun se croyait seul Ils chantaient ils avaient raison De chanter Mais ils chantaient comme on saccage Comme on se tue Nuit humide râpée Allons-nous te supporter Plus longtemps N'allons-nous pas secouer Ton évidence de cloaque Nous n'attendrons pas un matin Fait sur mesure Nous voulions voir clair dans les yeux des autres Leurs nuits d'amour épuisées Ils ne rêvent que de mourir Leurs belles chairs s'oublient Pavanes en tournecour Abeilles prises dans leur miel Ils ignorent la vie Et nous en avons mal partout Toits rouges fondez sous la langue Canicule dans les lits pleins Viens vider tes sacs de sang frais Il y a encore une ombre ici Un morceau d'imbécile là Au vent leurs masques leurs défroques Dans du plomb leurs pièges leurs chaînes Et leurs gestes prudents d'aveugles II y a du feu sous roche Pour qui éteint le feu Prenez-y garde nous avons Malgré la nuit qu'il couve Plus de force que le ventre De vos sours et de vos femmes Et nous nous reproduirons Sans elles mais à coups de hache Dans vos prisons Torrents de pierre labours d'écume Où flottent des yeux sans rancune Des yeux justes sans espoir Qui vous connaissent Et que vous auriez dû crever Plutôt que de les ignorer D'un hameçon plus habile que vos potences Nous prendrons notre bien où nous voulons qu'il soit. |
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Paul Eluard (1895 - 1952) |
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Portrait de Paul Eluard | |||||||||
Biographie / OuvresEugène Grindel, dit Paul Eluard est né en 1895 à Saint-Denis. En décembre 1912, il doit interrompre ses études , et se rend en Suisse, pour soigner une tuberculose. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnomme Gala et l'épouse en 1916. |
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