Paul Eluard |
Au centre de la ville la tête prise dans le vide d'une place Ne sachant pas ce qui t'arrête ô toi plus forte qu'une statue Tu donnes à la solitude un premier gage Mais c'est pour mieux la renier T'es-tu déjà prise par la main As-tu déjà touché tes mains Elles sont petites et douces Ce sont les mains de toutes les femmes Et les mains des hommes leur vont comme un gant Les main? touchent aux mêmes choses Écoute-toi parler tu parles pour les autres Et si tu te réponds ce sont les autres qui t'entendent Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie Multiple tes yeux divers et confondus Font fleurir les miroirs Les couvrent de rosée de givre de pollen Les miroirs spontanés où les aubes voyagent Où les horizons s'associent Le creux de ton corps cueille des avalanches Car tu bois au soleil Tu dissous le rythme majeur Tu le redonnes au monde Tu enveloppes l'homme Toujours en train de rire Mon petit feu charnel Toujours prête à chanter Ma double lèvre en flammes Les chemins tendres que trace ton sang clair Joignent les créatures C'est de la mousse qui recouvre le désert Sans que la nuit jamais puisse y laisser d'empreintes ni d'ornières Belle à dormir partout à rêver rencontrée à chaque instant d'air pur Aussi bien sur la terre que parmi les fruits des bras des jambes de la tête Belle à désirs renouvelés tout est nouveau tout est futur Mains qui s'étreignent ne pèsent rien Entre des yeux qui se regardent la lumière déborde L'écho le plus lointain rebondit entre nous Tranquille sève nue Nous passons à travers nos semblables Saas nous perdre Sur cette place absurde tu n'es pas plus seule Qu'une feuille dans un arbre qu'un oiseau dans les airs Qu'un trésor délivré. Ou bien rire ensemble dans les rues Chaque pas plus léger plus rapide Nous sommes deux à ne plus compter sur la sagesse Avoue le ciel n'est pas sérieux Ce matin n'est qu'un jeu sur ta bouche de joie Le soleil se prend dans sa toile Nous conduisons l'eau pure et toute perfection Vers l'été diluvien Sur une mer qui a la forme et la couleur de ton corps Ravie de ses tempêtes qui lui font robe neuve Capricieuse et chaude Changeante comme moi O mes raisons le loir en a plus de dormir Que moi d'en découvrir de valables à la vie A moins d'aimer En passe de devenir caresses Tes rires et tes gestes règlent mon allure Poliraient les pavés Et je ris avec toi et je te crois toute seule Tout le temps d'une rue qui n'en finit pas. |
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Paul Eluard (1895 - 1952) |
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Portrait de Paul Eluard | |||||||||
Biographie / OuvresEugène Grindel, dit Paul Eluard est né en 1895 à Saint-Denis. En décembre 1912, il doit interrompre ses études , et se rend en Suisse, pour soigner une tuberculose. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnomme Gala et l'épouse en 1916. |
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