Paul Eluard |
Guerre des errants et des guides A rebours de la peur A rebours des conseils Loin des rives les plus sensibles Fuir la santé des mers Espoir des premiers pas Fuk les couleurs inhumaines Des tempêtes aux gestes mous Matin brisé dans des bras endormis Matin qui ne reviendra pas Reflet de rousse qui s'éteint Les seins aigus les mains aimables A coups de fouet l'offre de soi Rien ne vaut le malheur d'aimer Rien le malheur L'écume détournée Abrège la sentence qui monte aux lèvres Qui va au cour Qui s'effondre avec un rire d'origine Un rire aveuglant. Fragile douloureuse et marquée à l'épaule Des cinq doigts qui l'ont possédée. Le long des murailles meublées d'orchestres décrépits Dardant leurs oreilles de plomb vers le jour A l'affût d'une caresse corps avec la foudre Le sourire faucheur des têtes basses L'odeur du son Les explosions du temps fruits toujours mûrs pour la mémoire. Même quand nous sommes loin l'un de l'autre Tout nous unit Fais la part de l'écho Celle du miroir Celle de la chambre celle de la ville Celle de chaque homme de chaque femme Celle de la solitude Et c'est toujours ta part Et c'est toujours la mienne Nous avons partagé Mais ta part tu me l'as vouée Et la mienne je te la voue. Et tes mains de pluie sur des yeux avides Floraison nourricière Dessinaient des clairières dans lesquelles un couple s'embrassait Des boucles de beau temps des printemps lézards Une ronde de mères lumineuses Retroussées et précises Des dentelles d'aiguilles des touffes de sable Des orages dénudant tous les nerfs du silence Des oiseaux de diamants entre les dents d'un lit Et d'une grande écriture charnelle j'aime. Tant de rêves en l'air Tant de fenêtres en boutons Tant de femmes en herbe Tant de trésors enfants Et la justice enceinte Des plus tendres merveilles Des plus pures raisons Et pourtant Les heureux dans ce monde font un bruit de fléau Des rires à perdre la tête Des sanglots à perdre la vie Les yeux la bouche comme des rides Partout des taches de vertu Partout des ombres à midi. Colère miel qui dépérit L'abri des flammes se consume C'en est fini de voler au secours infâme des images d'hier La perfection sylvestre la fine mangeoire du soleil Les fondantes médailles de l'amour Les visages qui sont des miettes de souhaits Les enfants du lendemain le sommeil de ce soir Les mots les plus fidèles Tout porte de noires blessures Même la femme qui me manque. |
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Paul Eluard (1895 - 1952) |
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Portrait de Paul Eluard | |||||||||
Biographie / OuvresEugène Grindel, dit Paul Eluard est né en 1895 à Saint-Denis. En décembre 1912, il doit interrompre ses études , et se rend en Suisse, pour soigner une tuberculose. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnomme Gala et l'épouse en 1916. |
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