Le paon royal - Poéme

Quelque vieux jardinier, à l'âme orientale,
Donna le nom sonore et fier de paon royal À l'oillet odorant, dont chaque lourd pétale
S'irise de velours, de flamme et de métal.



Or, je connais l'ardent et mauve héliotrope

Dont l'arôme fougueux fait défaillir les sens

Des chauds sérails d'Asie aux doux jardins d'Europe,

Les roses de
Mossoul et les jasmins persans,



Les soucis d'or, qu'avait à son front
Orcavelle
La nuit qu'elle mourut d'entendre un rossignol,
L'écarlate aloès, que sur sa caravelle
Don
Pizarre apporta vers le ciel espagnol,



Le lys tigré de vert qui croît dans
Samarcande,
Le chrysanthème roux, l'hélianthe de feu,
L'hyacinthe étoilant les prés blonds de
Hollande,
La tulipe de jaspe et l'hortensia bleu...



Mais j'aime surtout voir étinceler dans l'ombre
La coupe transparente en fragile cristal
Où fleurit, violent, voluptueux et sombre,
Sur sa tige d'émail, le pourpre paon royal.