Paul Neuhuys |
Jour lunaire jour martial jour hermétique jour de Junon jour de Vénus jour de Sabat jusqu'au jour de l'Esprit la semaine s'explique voluptueusement par des hauts et des bas Voici qu'à pleins bouillons le théâtre du Tendre Se montre chiffonné d'un va-et-vient subtil Cloris à contre-jour s'abandonne et Clitandre titille effrontément un frétillant pistil Ces baisers qui s'en vont au gré des Pyrénées frottis frais et léger se promener parfois de l'ourlet séculier à la rose sacrée baisers qui parlent mieux que les mots les plus bas Amour trilles légers issus d'affres cruelles bel univers fermé sur le couple hagard ramiers qui s'en vont battre éperdument de [l'aile La pauvreté nous met tellement plus à l'aise Si Cendrillon m'était conté si Cendrillon... La bouche du vacher change les mots en braise d'avoir si belle aumaille au bout de l'aiguillon Calliope Érato Melpomène Uranie allaient cherchant partout et repartaient encore avec Clio Thalie Euterpe et Polymnie retrouver le chausson perdu par Terpsichore C'est en vain qu'en poussant des gémissements [vcules on croit s'approprier un si gentil connil Madame préférait se délicater seule et tout se terminait par un ainsi-soit-il Toi qui m'auras surpris à murmurer les mots que d'autres auraient tant voulu que je leur dise Si je trébuche en bas tu culbutes en haut pour mieux achalander l'étal aux mignardises A quoi bon des chansons pour ceux qui n'ont [pas d'ailes le roman de l'amour impossible est partout Femme ne puis-je plus adorer qu'infidèle pour qui tout l'univers tourne sans savoir où Et les enfants surpris au bord de la fontaine par la diversité de la fleur et du fruit se demandent quel dieu de volupté les mène au gré d'un paradis perdu mais non détruit Carillon de Cypris cristal incomparable par qui tout se déroule en un rite prévu nul priape pétri d'argile trop friable ne peut dépareiller ton gai tohu-bohu Si l'amour se déclare encor comme une fièvre Sans être hors d'atteinte on est hors de combat L'âge de la tortue n'est pas l'âge du lièvre Quel être enchevêtré glisse sur ce verglas! Est chevalier celui qui vit sans vilenie dont la noblesse oblige à tant de liberté qu'il peut voir scintiller jusqu'en Paphlagonie le bel épicéa de la nativité Aujourd'hui ce n'est plus pour moi que le [four chauffe Une sombre ruelle a l'air de méditer gravement sur la mort qui se poudre la gaufre à la lueur d'un réverbère exorbité Ces lilas noirs, ces violettes rudoyées tous ces oillets poivrés aux yeux rougis de pleurs ces glaïeuls éperdus ces roses foudroyées suave invitation à la valse des fleurs. Adieu douce Daphné qui voudrais te dissoudre dans l'odorant jardin de la maturité Amour dure le temps d'une traînée de poudre d'un clin d'oil feuille morte entre les barbelés Le théâtre est surtout une affaire d'optique C'est montrer tout... ce que la vie a d'incertain Les empereurs romains portaient la dalmatique pour essuyer les diatribes du destin Couvre-feu couvre-feu sur la scène du monde ma vie aura duré le temps d'un arbrisseau Où la rigueur sévit la grâce surabonde Sans toi, Thierry, je périssais dans le ruisseau Balsamine apportant un baume à nos blessures Loreley cheveux blonds déroulés jusqu'au Rhin Fraternelle alternative des Dioscures m'ouvrent une éclaircie au crépuscule, enfin C'est qu'il fait bon nager dans la mer du langage et d'écouter au gré de mouvants horizons cet appel qui remonte au plus haut moyen âge: Ne serre jamais l'huys à l'ymaginacion |
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Paul Neuhuys (1897 - 1984) |
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