Paul Neuhuys |
Tout autre est le neveu qui surveille à Vancouver des chantiers pour Liberty Ships C'est le type du good boy toujours au grand air sur les docks il rayonne il éclate de santé Avec une belle fatuité de despote spécialiste du béton il s'est construit à Vancouver un immeuble à quatre étages Tout l'immeuble, me dit-il, est occupé par des dames seules qui de Floride qui de Californie une infirmière: Air-Fer-Mer une Mexicaine: miss Hurricane et je suis propriétaire du tout. U réalise le type de force qu'elles rêvent toutes le type du grand bagarreur et la technique du ciné l'a tellement halluciné qu'il assimile l'Europe à quelque salon suranné plus suranné que Suriname dont il sourit avec suffisance. Je sais que le trou-madame est un jeu désuet qui veut rendre l'amour plus amusant qu'il n'est et si tu veux savoir pourquoi je bois, by Jove, c'est parce que l'alcool éloigne de l'alcôve Au clair de la lune, mon ami Pablo à quoi rêvent les jeunes filles en fleurs qui chantent faux? à se morfondre dans une forêt giboyeuse ou à rendre la vie un peu moins ennuyeuse? Le pianiste de Pétrograd appuyait trop sur la pédale Chacun disait de lui: 11 boit et fait scandale Ne tirez pas sur lui: Vivre n'est pas commode quand on est croquenote dans un claque à la mode. Une ccharde dans la chair ce qui fait qu'on devient poète c'est peut être un coup qui nous frappa au plus secret de l'être la compensation d'une détresse la joie de la désolation l'épatant c'est qu'on peut tout dire en poésie ce qu'il y a de plus croquignolet chez les clopinettes On peut y accéder par Millevoye une poésie entre vers et prose sur les bords du Jourdain une poésie de pleuronecte est celle qui nage sur le côté le lyrisme de l'hystérie en bikini l'odelette aux fines herbes qui porte le cachet de la Commune le stupre des bas-lieux la belle de Portsmouth du temps que la France pontait son dernier louis grelottante de gynécomaste monorchidien une poésie qui sait le danger des aliments raffinés poésie en prise directe poésie à demi-mot: cravate sensa, parfum sexi poésie olivier de serre maie herbe ne périt pas pin parasol fabre d'églantine cueillir le lai du chèvrefeuille dans l'espéranto des comptines Un poète sans oreille est un âne. De la limace immonde au lis sacerdotal chacun veut connaître le secret de la fin des temps Pudique du haut lubrique du bas crispée de sanglots riant aux éclats notre planète désacralisée est colonisée par l'au-delà Y a-t-il une vérité inconnaissable? Pas de vérité a priori Tout est sable sable sable On sait mieux ce qu'on n'a pas appris La vérité est changeante matière propriété de l'esprit esprit propriété de la matière tout doit changer sur cette terre David frondeur du cosmos draisienne lancée sur l'esplanade sublunaire l'action du monde n'est pas absurde du tout puisque tout aboutit à une fin inouïe. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Paul Neuhuys (1897 - 1984) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Paul Neuhuys | |||||||||