Peire de Rogiers |
Douce amie, je n'en peux plus. Je vous quitte le cour lourd. En vrai deuil de vous je pleure. De ne point vous embrasser M'est un bien cruel tourment Quand d'Amour je me sépare ! Vous connaissez ma passion, Je n'ai jamais tant aimé. Pour vous le faire savoir Je n'ai point de messager. Je pars. Je vous recommande À Dieu, Seigneur des Esprits. Comment donc ne point souffrir De voir notre union s'éteindre ? Je vais en pays lointain. Plutôt que figue et châtaigne Dans la chaleur du vallon Mieux me valent froids et monts. Là-bas, triste, mon corps va Mais mon esprit reste là J'ai tant froncé les sourcils Que la racine m'en brûle. Qui nous sépara fit mal, Plus jamais n'aurai d'amie. Quand le sommeil me prendra Je serai certes guéri S'il me ramène vers elle Sous l'aspect d'une perdrix. Ah ! baiser l'arc de ses yeux. Ses joues, aux frais coloris. Au loin douceur m'est brûlure Bel accueil m'est insultant. Abondance m'est famine Et le jour profonde nuit. Ma jeunesse se flétrit, J'en ai douleur et tristesse. |
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Peire de Rogiers (1145 - 1197) |
Portrait de Peire de Rogiers |