Philippe Delaveau |
Est-il des saints dans Babylone, et l'eau irriguant les terrasses Ruisselle-t-elle d'une source pure? Qui prévaut ici-bas Dans la lourde démarche des habitants de l'ombre, au pied des fortifications? Les mendiants affamés de l'invisible quittent la zone Qui borde les maisons laides. Babylone, ville sans désir. Les saints dans la torpeur s'éloignent en gémissant : Nous t'aimions, pays injuste, terre de convoitise, cité bénie Par le soleil qui paye aux briques son tribut. L'étoile Abusive n'ose plus effleurer les citernes. Le cheval peine Sous le harnais, flétrissant de la jambe L'ombre des pauvres sur le mur des jardins. Babylone, ville savante. Nous mesurons de nos dociles instruments Le cours des astres sur le registre de la nuit. Ville de vieux Hommes, ville sans passion. Regarde au carrefour les frises De héros qui se faufilent dans la gloire. Entends le démocrate User de son mensonge et la fille appeler de sa voix susurrante, À la tombée du soir, le promeneur recru de solitude. Les guerriers sales s'en reviennent, glissent le long des murs Bardés d'obscènes inscriptions. Nul n'attend rien, ni demain, Ni jamais. Babylone, le temps continue de battre sur la grève, Avec le cour du soir dans l'arbre rose, et le moineau. La mort desséchera l'enfant chétif et nu, l'homme vieux, La carcasse du cheval mon veillé par le buisson de mouches, Sous le regard du saint qui pleure. La glace du désert Pénètre dans les cours et les jardins abstraits. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Philippe Delaveau (1950 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Philippe Delaveau | |||||||||
Eléments de bibliographie |
|||||||||