Philippe Delaveau |
Kant sortait chaque jour pour faire sa promenade À la même heure, guetté par les chats et les femmes; Moqué pour son flegme sans fantaisie, majestueux pourtant, Vêtu d'une identique et brune redingote; Éprouvant pour le ciel qu'ont aimé les rêveurs - les poètes parfois Sont de ceux-là -, une sorte de haine : Et pour la pluie qui dessine des fleuves tumultueux, Comme un ressentiment de vieux garçon craignant De prendre froid. Dans l'odeur du tabac, blonde, Qui spire sa volute, accumule ses lobes, longe le faîte Poussiéreux des murs, son esprit lentement se dilate Aux dimensions du monde bordé de verre Déformant, toutes fenêtres closes sur la rue, Chassant du plafond bas, du ciel poreux et jaune vers quoi reniflent Les chandelles, cela même que l'esprit désormais N'atteindra plus en proclamant ses droits, et qui hante partout Même la rude écorce des platanes, le bois lisse, un galet; Même la pluie et les catégories obtuses, Où se dépose à travers les vitraux de verre, le monde, Perdus la nuit et le toucher des doigts. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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Portrait de Philippe Delaveau | |||||||||
Eléments de bibliographie |
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