Philippe Delaveau |
Même l'amour à Babylone est terrible. Les femmes Peintes, d'une voix rauque, à la tombée du soir, appellent L'homme hirsute, et tous deux mêlent leurs cris de bête Et s'étonnent, lorsque l'ennui relâche dans la chambre Les plis de ses rideaux : nulle douleur ne grève Leurs pauvres voix, et leurs yeux creux Ne voient confusément que les grises nuées. Alors il reste encore à profaner les mots dont on ricane. Car le bonheur, malgré les paradis inventés, s'est enfui. Des portes dans la nuit s'ouvrent, se ferment; des couloirs Exposent au-dessus du dallage, au bout d'un fil, l'ampoule nue; Il n'est pas de bonheur. Et l'aveugle Devant, ses mains tremblantes tâtonnant, Suivi des cinq aveugles qui se tiennent L'un à l'autre, les mains sur l'épaule, Ouvre la porte condamnée qui donne sur le vide. Le pouls de la rapide rue en contrebas Surgit dans l'odeur de friture avec la ritournelle D'une chanson mauvaise. Celui qui fume Au pied du mur où le sourire énorme d'une femme Ouvre des lèvres larges, voit dans le ciel émaillé D'astres blancs, ceux qui voguent sans fin Dans la cendre, mourir. Alors l'aube revient quand les oiseaux Chantent joyeusement dans les arbres de Leicester Square, La complainte du jour qui vient de naître au-dessus des rues |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Philippe Delaveau (1950 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Philippe Delaveau | |||||||||
Eléments de bibliographie |
|||||||||