Philippe Delaveau |
Je me souviens de ces époques douces, Lorsque l'hiver se loge au fond des bois. Alors les grands platanes de la route Lèvent au ciel leurs bras exubérants. Sur les bords désolés de la Loire rapide, Les grues rouillées qui ne cherchent plus rien S'endorment dans la nuit de la terre. Les voiliers hésitants et sombres de la neige Ont survolé nos pays silencieux, Où les toitures lentement, dans le ciel blanc qui change, Dérivent à l'entour de leurs tristes fumées. Comme dans l'eau, le flanc ouvert, les barques songeuses. Tour à tour nous levons nos bras vains, Nos yeux veulent plus de lumière; Et lorsque nous avons tenté de prier Dans la petite chambre au mur glacial, Nous sortons avant le retour de la nuit Pour contempler l'arbre d'hiver, Les bras en croix, mais silencieux. Le cerisier accepte d'être dépouillé, La terre d'accomplir sa mort au fond de l'eau, Les feuilles de périr. Parfois l'azur transperce Les convois de la neige et sourit. Le soleil froid De février nous comble alors de sa sollicitude, Tandis que nous peinons sur la glaise trempée. Et nous savons qu'il est une douceur, dans la campagne nue. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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