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Philippe Delaveau



Lxxv - Poéme


Poéme / Poémes d'Philippe Delaveau





Lorsque nous sommes revenus de
Troie,

Nous n'avons pas reconnu notre vieille maison :

Nous l'avions tant aimée, sur la mer,

Nous rappelant le chant de chaque porte,

L'odeur des murs moisis où les gravures

Perpétuent les légendes qui nous bercent.

Le craquement, la nuit, de ses planchers, nous parlait de voyages ;

Nous traversions les ciels que ferment des branchages,
Dans la bizarrerie du songe, ravis de revenir; d'être immobiles.
Derrière la fenêtre, au petit jour, en poussant les volets,
Nous ordonnions le monde en son immuable vérité;
Le chant du coq rythmait les beaux jours éternels.
Le temps nous a trompés : la maison est plus basse,
Sa toiture plus simple sous le soleil gris,
Et le jardin démesuré est moins qu'une province.
Même dans l'ombre, ce visage qui s'éloigne
N'est plus le même et la voix tremble désormais :
Cette femme là-bas, avec son tablier, son grand chapeau de paille.

Je la connais.
Et chaque fois que je veux lui redire

L'amour qu'on ose à peine murmurer,

Elle s'éloigne en souriant sur ce pont de murmures,

Par où les siens retournent en silence dans les lieux
Peut-être la verrai-je encore, lorsque tombe la nuit,
Portant aux roses l'effusion de sa main caressante,
Confier tout bas, sous les feuillages des arbres,
Les noms perdus que nous avons cherchés,
Pour que l'orchestre à peine audible, dans les branches,
Colporte jusqu'à nous le réconfort muet
Des secrets confiés à l'oreille des fleurs.

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Philippe Delaveau
(1950 - ?)
 
  Philippe Delaveau - Portrait  
 
Portrait de Philippe Delaveau

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