Philippe Delaveau |
Lorsque nous sommes revenus de Troie, Nous n'avons pas reconnu notre vieille maison : Nous l'avions tant aimée, sur la mer, Nous rappelant le chant de chaque porte, L'odeur des murs moisis où les gravures Perpétuent les légendes qui nous bercent. Le craquement, la nuit, de ses planchers, nous parlait de voyages ; Nous traversions les ciels que ferment des branchages, Dans la bizarrerie du songe, ravis de revenir; d'être immobiles. Derrière la fenêtre, au petit jour, en poussant les volets, Nous ordonnions le monde en son immuable vérité; Le chant du coq rythmait les beaux jours éternels. Le temps nous a trompés : la maison est plus basse, Sa toiture plus simple sous le soleil gris, Et le jardin démesuré est moins qu'une province. Même dans l'ombre, ce visage qui s'éloigne N'est plus le même et la voix tremble désormais : Cette femme là-bas, avec son tablier, son grand chapeau de paille. Je la connais. Et chaque fois que je veux lui redire L'amour qu'on ose à peine murmurer, Elle s'éloigne en souriant sur ce pont de murmures, Par où les siens retournent en silence dans les lieux Peut-être la verrai-je encore, lorsque tombe la nuit, Portant aux roses l'effusion de sa main caressante, Confier tout bas, sous les feuillages des arbres, Les noms perdus que nous avons cherchés, Pour que l'orchestre à peine audible, dans les branches, Colporte jusqu'à nous le réconfort muet Des secrets confiés à l'oreille des fleurs. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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