Philippe Delaveau |
Ô grande Nuit dont parlent vainement les poètes, ô sour Bienfaisante, l'oubli sur nos cours redescend, Et nous ne savons plus au petit jour Ni ce que nous avons fait la veille, ni les mots réunis De la splendeur, évanescents et vains. Le poème S'enfuit comme le vent dans l'adieu de la branche; L'image est un frisson qui ride l'eau tranquille, Et nous nous réveillons dans le jour morne, En proie aux longs remords, la barbe dure aux joues, L'haleine lamentable, cherchant à la fenêtre Le soleil froid de Londres, et tremblant. La pluie depuis longtemps, agenouillée sur les trottoirs, Lave à grande eau la ville souillée de malheur, Nous passerons sans même entendre le blasphème Qui sort des lèvres amincies de ceux qui jurent; Elle frotte pourtant, de son balai de feuilles, Les rues où les taxis d'ébène ont déchargé Les noceurs assoupis dans la brume d'alcool, Et la fille qu'on paye pour la faire monter. Nul ne voit dans l'oil de la bonne pluie les larmes, Quand il s'agit de se lever et de partir, Les bruits résonnent déjà près des arbres, La Cité s'agite et les télex égrènent les papiers Aux quatre coins des aires du vent qui se hâte. Alors nous regrettons l'heure propice et nue, Quand les fenêtres une à une se disjoignent, Et que sous l'oil usé de la lampe, à tâtons, Nous essayons une histoire probable, En ignorant pourquoi, l'oil rougi par la veille, les doigts Froids à demi sur le clavier qui tinte, sans savoir où demain Nous conduiront nos pas, et doutant de nous-mêmes. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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