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Philippe Delaveau |
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Tu n'useras que de mots simples pour dire La beauté des pommes rouges sur l'assiette d'étain. Dehors le lourd soleil d'automne pavoise Au-dessus de la treille aux grappes noires. Tu voudrais écrire le poème de l'Un; était-ce plus facile Aux premiers temps, lorsque l'on moissonnait à la faucille, Encouragé par le chant des amoureuses; Lorsque la voix aveugle et rauque de Thamyris Traçait, sur la coupe du soir, l'argile aux boucles rondes De sa lyre? A quoi bon regretter les jours tutélaires, La beauté que contemple l'oil pers des statues, Le bronze qui surgit au flanc du crépuscule, sur le créneau de l'arbre Et l'odeur d'ammoniaque d'un cheval rose, enseignant à l'aède Le rythme des saisons, l'hexamètre des vagues qui se brisent En cadence. Une moindre ferveur nous a valu d'abandonner Parmi les ruines, les pommes d'or; oublier la toison Dans le grand incendie qui dissipa les livres; Le rire de Démodocos et les ruses d'Ulysse. Mais, tandis qu'hésite la dernière abeille Contre le bois de la fenêtre, et puisqu'il se fait tard, Nous nous interrogeons : le bonheur Est-il mêlé d'amertume? Nos plaintes Ne seront d'aucune aide. Contente-toi, ce soir, Si ton savoir est si modeste, De regarder Sur l'assiette d'étain, le dernier rayon d'or Qui fait chanter le flanc des pommes rouges; Alors tu trouveras peut-être le secret Peur pénétrer dans le jardin de l'être À la faveur du soir. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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