Philippe Delaveau |
Mozart murmure dans les rameaux de la vigne vierge, Et la musique épouse l'ombre et la partition bleue de l'air, Le vide, les plénitudes, l'aspérité du doux royaume Que nous aimons. Elle dit le secret, toutes paupières closes. La lumière surgit, nous sommes saufs dans la chambre joyeuse; À la croisée le temps s'estompe; la mélodie s'écrie Suavement : immortelles splendeurs! Et nous croyons sa vérité. Joies exquises! Alors, comme s'emplit de vin la coupe d'or, Nous fléchissons en proie au vertige céleste. Le ciel azuréen du miroir et le ciel des nuées, Le plafond blanc et la tombée des heures, Unissent leurs contraires, se liguent : temps fatal, Tu ne déchires plus nos cours émerveillés; tu ne fais plus fléchir Au-dessous de la rose, l'or meurtri des pétales; l'amour Emplit ton avenir, mort défaite. Le chant frémit sur le tranchant Des chanterelles, gagne les bois, le cuivre rouge d'un crépuscule Qui s'attarde, et la nuit ralentit sa monture. Nous sommes du pays des intangibles joies, Nous chevauchons les territoires de la vigueur enivrante; La musique nous engendre à la nuit qui nous berce, Et nous savons peut-être concevoir ce qu'il nous a promis. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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