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Philippe Delaveau |
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I Il a posé un doigt sur ses lèvres : Il faut se taire. Au-dehors Les arbres continuent de trembler dans la brise Et l'oiseau sur le mur blanc, par la fenêtre De lumière, ouvre un oil sage Couleur de raisin noir. De l'autre main Il tient l'écritoire et la plume; la nuit Chaude descend sur ses épaules; derrière, Le mur est comme l'âme dépouillée, terne et nue. Alors seulement commence la lumière. II À peine le bruit d'un silence ténu Fait-il trembler l'ombre des feuillages. Ni l'orage grondant au-dessus de la grève, Ni le ronronnement des automobiles dans l'avenue, Ni le sifflement des lourds avions d'argent, Moins que la brise parmi les feuilles. Heureux dans l'obscure ténèbre, celui Qui écoute et se prosterne. III Peut-être alors entendrons-nous Sur le mur blanc qui ferme l'horizon Lorsque la nuit ouvre ses poings de feu, Germer les graines saintes du silence Et poindre l'aube. IV Les poèmes vieillissent confusément, Parlant encore de forêts, d'or et de roses; toutefois, Quel sage aurait pu dans une seule fable, Serpentant au-dessus des hommes et des fleurs, Dire comme la perle un peu l'attente Qui est au creux du monde, et peut-être à la fin composer Pour un prince las du soleil et des livres, Un autre chant qui ne vieillirait pas, Qui parlerait sans fin de ce qui recommence, au gré Des libellules bleues, des armoiries de l'onde? Alors l'image en ce poème serait plus limpide Que le bruit continu de l'eau, plus sombre qu'un silence Au pied mauve de l'arbre, à celui Qui écoute la nuit parfaire les saisons, En quête de sagesse nébuleuse et d'ordonnance. V Voici la plus belle heure, les arbres Sont roses dans le jour qui se lève. Les parfums n'ont encore épuisé leurs timides Secrets, dans le lacis des herbes, parmi les fleurs. Alors le soleil blanc et rond quitte son écurie, Perdue dans la douceur du ciel au-dessus de la crête Des arbres centenaires; le lourd charroi qu'il tire De la chaleur d'été d'où tombe le foin rouge, S'engage sur l'ornière de la Loire jusqu'au soir des collines, Que des merles, des hirondelles, veillent de leurs cris. |
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Philippe Delaveau (1950 - ?) |
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