Philippe Desportes |
Marchands, qui recherchez tout le rivage more Du froid Septentrion et qui, sans reposer, A cent mille dangers vous allez exposer Pour un gain incertain, qui vos esprits dévore, Venez seulement voir la beauté que j'adore, Et par quelle richesse elle a su m'attiser : Et je suis sûr qu'après, vous ne pourrez priser Le plus rare trésor dont l'Afrique se dore. Voyez les filets d'or de ce chef blondissant, L'éclat de ces rubis, ce corail rougissant, Ce cristal, cette ébène, et ces grâces divines, Cet argent, cet ivoire; et ne vous contentez Qu'on ne vous montre encor mille autres raretés, Mille beaux diamants et mille perles fines. S'il est vrai que le ciel ait sa course éternelle, Que l'air soit inconstant, la mer sans fermeté, Que la terre en hiver ne ressemble à l'été, Et que pour varier la nature soit belle; S'il est vrai que l'esprit d'origine immortelle, Cherchant toujours d'apprendre, aime la nouveauté, Et si même le corps, pour durer en santé, Change avec les saisons de demeure nouvelle; D'où vient qu'étant forcé par la rigueur des cieux À changer, non de cour, mais de terre et de lieux, Je ne guérisse point de ma vive pointure? D'où vient que tout me fâche et me déplaise tant ? Hélas ! c'est que je suis seul au monde constant Et que le changement est contre ma nature. |
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Philippe Desportes (1546 - 1606) |
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Portrait de Philippe Desportes | |||||||||