Pierre de Ronsard |
Du jour que je fus amoureux, Nul past *, tant soit-il savoureux, Ne vin, tant soit-il délectable, Au cour ne m'est point agréable; Car depuis l'heure je ne su Manger ou boire qui m'ait plu. Une tristesse en l'âme close Me nourrit, et non autre chose. Tous les plaisirs que j'estimais Alors que libre je n'aimais, Maintenant je les désestime : Plus ne m'est plaisante l'escrime, La paume, la chasse, et le bal. Mais comme un farouche anima] Je me perds, pour celer ma rage, En l'abri d'un antre sauvage. L'amour fut bien forte poison Qui m'ensorcela la raison, Et qui me déroba l'audace Que je portais dessus la face, Me faisant aller pas à pas, Triste et pensif, le front à bas, En homme qui craint et qui n'ose Se fier plus en nulle chose. Le tourment qu'on feint d'Ixion, N'approche de ma passion, Et mieux j'aimerais de Tantale Endurer la peine fatale Un an, qu'être un jour amoureux, Pour languir autant malheureux . Que j'ai fait, depuis que Cassandre Tient mon cour et ne le veut rendre. |
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Pierre de Ronsard (? - 1585) |
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Portrait de Pierre de Ronsard | |||||||||
Biographie1524 - (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher). Orientation bibliographique |
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