Pierre de Ronsard |
... Jamais un seul plaisir, en vivant, nous n'avons. Quand nous sommes enfants, débiles, nous vivons Marchant à quatre pieds, et quand le second âge Nous vient encotonner de barbe le visage, Lors la mer des ennuis se déborde sur nous, Qui de notre raison démanche à tous les coups Le gouvernail, vaincu de l'onde renversée, En diverses façons troublant notre pensée. L'un veut suivre la guerre, et tenir ne s'y peut, L'autre la marchandise, et tout soudain il veut Devenir marinier, puis après se veut faire De quelque autre métier au marinier contraire. Cestui-ci veut l'honneur, cestui-là le savoir, Cestui aime les champs, cestui-là se fait voir Le premier au Palais, et sue à toute peine Pour avoir la faveur du peuple, qui est vaine. Mais ils ont beau courir, car Vieillesse les suit, Laquelle, en moins d'un jour, envieuse, détruit La jeunesse, et contraint que leur vigueur s'en aille Se consommant en l'air ainsi qu'un feu de paille, Et n'apparaissent plus cela qu'ils ont été, Non plus qu'une fleurette après le chaud été. Adonc la Mort s'assied dessus leur blanche tête, Qui demande sa dette et la veut avoir prête, Ou bien si, quelques jours, pour leur faire plaisir, Les souffre dans le lit languir à tout loisir, Si est-ce que soudain, après l'usure grande D'yeux, de bras ou de pieds, sa dette redemande Et veut avec l'usure avoir le principal : Ainsi, pour vivre trop, leur vient mal dessus mal... |
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Pierre de Ronsard (? - 1585) |
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Portrait de Pierre de Ronsard | |||||||||
Biographie1524 - (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher). Orientation bibliographique |
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