Pierre de Ronsard |
Celui qui est mort aujourd'hui Est aussi bien mort que celui Qui mourut aux jours du Déluge : Autant vaut aller le premier, Que de séjourner le dernier Devant le parquet du grand Juge. Incontinent que l'homme est mort, Ou jamais ou longtemps il dort Au creux d'une tombe enfouie, Sans plus parler, ouïr ni voir : Hé ! quel bien saurait-on avoir En perdant les yeux et l'ouïe ? Or l'âme, selon le bienfait Qu'hôtesse du corps elle a fait, Monte au ciel, sa maison natale, Mais le corps, nourriture à vers, Dissous de veines et de nerfs, N'est plus qu'une ombre sépulcrale. Il n'a plus esprit ni raison, Emboîture ni liaison, Artère, pouls ni veine tendre, Cheveu en tête ne lui tient, Et, qui plus est, ne lui souvient D'avoir jadis aimé Cassandre. La mon ne désire plus rien. Donc cependant que j'ai le bien De désirer vif, je demande Etre toujours sain et dispos, Puis, quand je n'aurai que les os, Le reste à Dieu je recommande. Homère est mort, Anacréon, Pindare, Hésiode et Bion, Et plus n'ont souci de s'enquerre Du bien et du mal qu'on dit d'eux : Ainsi, après un siècle ou deux, Plus ne sentirai rien sous terre. Mais de quoi sert le désirer, Sinon pour l'homme martyrer ? Le désir n'est rien que martyre. Content ne vit le désireux, Et l'homme mort est bienheureux : Heureux qui plus rien ne désire ! |
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Pierre de Ronsard (? - 1585) |
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Portrait de Pierre de Ronsard | |||||||||
Biographie1524 - (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher). Orientation bibliographique |
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