Pierre de Ronsard |
T'oserait bien quelque poète Nier des vers, douce alouette ? Quant à moi, je ne l'oserois : Je veux célébrer ton ramage Sur tous oiseaux qui sont en cage, Et sur tous ceux qui sont es bois. Qu'il te fait bon ouïr, à l'heure Que le bouvier les champs labeure, Quand la terre le printemps sent, Qui plus de ta chanson est gaie Que courroucée de la plaie Du soc qui l'estomac lui fend. Sitôt que tu es arrosée, Au point du jour, de la rosée, Tu fais en l'air mille discours, En l'air des ailes tu frétilles, Et pendue en l'air tu babilles Et contes aux vents tes amours. Puis d'en haut tu te laisses fondre Sur un sillon vert, soit pour pondre, Soit pour éclore, ou pour couver, Soit pour apporter la becquée A tes petits, ou d'une achée, Ou d'une chenille, ou d'un ver. Lors moi, couché dessus l'herbette, D'une part, j'ois ta chansonnette, De l'autre, sus du poliot, A l'abri de quelque fougère, J'écoute la jeune bergère Qui dégoise son lerelot. Lors je dis : « Tu es bien heureuse, Gentille alouette amoureuse, Qui n'as peur ni souci de rien, Qui jamais au cour n'as senti Les dédains d'une fière amie, Ni le soin d'amasser les biens ; Ou si quelque souci te touche, C'est, lorsque le soleil se couche, De dormir et de réveiller De tes chansons, avec l'aurore, Et bergers et passants encore, Pour les envoyer travailler. » Mais je vis toujours en tristesse, Pour les fiertés d'une maîtresse Qui paye ma foi de travaux Et d'une plaisante mensonge, Mensonge qui toujours allonge La longue trame de mes maux. |
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Pierre de Ronsard (? - 1585) |
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Portrait de Pierre de Ronsard | |||||||||
Biographie1524 - (10 ou 11 septembre) : naissance au château de la Posson-nière (Couture, Loir-et-Cher). Orientation bibliographique |
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