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Pierre Dhainaut



L'air dans nos traces - Poéme


Poéme / Poémes d'Pierre Dhainaut





Lumière qui nous imprègne par les lèvres.

Le seuil, lorsque tu ignores si c'est l'air qui tremble, si c'est toi.

On ne traverse pas la montagne, on se traverse.

Au vent des crêtes érodant le corps, l'affûtant comme les pierres.

Ce que la vie n'a pas ouvert, la mort nous le refuse.

Tu te préserves ou tu prévois : la buée sur les vitres ne parle pas d'elle.

Tempête assourdissante où s'obstine à tinter une clarine.

De quel soleil, comme l'aubier, sommes-nous la mémoire ?

L'attention nous allège, nous enracine.

Oiseaux migrateurs, éclat des galets, nous faisons plus que voir.



Oreille sur la roche comme à l'orifice des conques.

Ah, si nos yeux un matin de brume attiraient la grive...

On nous jugera comme on juge les murs aux pariétaires.

Tu as manqué d'amour, tu ne désirais que l'autre versant.

Qui accompagnons-nous dès que nous quittons les routes ?

De pierre en pierre une eau consciente, de mot en mot un souffle.

Tu n'es plus seul, tu te sais vulnérable.

Pour viatique une poignée de neige.

La main qui tâtonne, la main qui déploie.

Avec la nuque, avec les tempes, nous n'ajouterons que des dieux allègres.

La durée juste, le bruissement des feuilles.

Vague plus forte, plus présente, qui annonce une vague nouvelle.

Ne dis pas que la plaine est vide, découvre-toi.

Regard comme une fleur de mars, pour toutes les saisons.



Envier l'éclair, envier la graine.

Pour ne pas oublier l'amont, suivre le cours du fleuve.

Aimer aussi la flamme pour son ombre.

Maisons, chemins, une concentration prodigue.

L'inconnu n'a pas un autre visage, celui de nos enfants.

Un silence fidèle, partout, à la vision des chardons bleus.

Nous cacherons le plus possible la honte, l'essoufflement.

Bon signe : les obstacles n'ont pas disparu, ce ne sont plus des ennemis.

Qui croyait la paume si profonde, bienveillante?

Ne pas laisser un souvenir, mais une source.

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Pierre Dhainaut
(1935 - ?)
 
  Pierre Dhainaut - Portrait  
 
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