Pierre Emmanuel |
Si la montagne sous la coule adore avant que rien ne soit C'est que le Soi siégeant en Soi médite à la façon des pierres Ayant usé l'éternité à force de S'y contempler De son Vide II Se pétrifie en révérence à son essence Afin qu'avant toute origine un autel soit déjà dressé Un principe adorant requis distinct et non distinct de l'Être Ce que le Soi en grand travail concentre ainsi dans l'incréé Plus que le marbre le plus dur c'est l'inouï d'une prière Dont l'Immuable en Se rompant comme d'un homme accouchera Aussitôt né l'homme est louange et son cri bien qu'aveugle atteint Au lieu même où former un Cour assez aimant pour y répondre C'est par ce cri tout-désirant que Se conçoit le Dieu absent Contraint par l'homme à Se nommer pour le nommer à son image Cette impensable Majesté dont le Silence Se suffit Que n'émeut nulle idée de Soi que nul miroir ne réfléchit Que ne ternit nulle buée d'une Parole créatrice Dès qu'Elle nomme Se nommant Elle est en face du Néant Où mettre en branle l'ouvre entier qui s'abîme au-delà des temps Mais l'homme sait que la Montagne est l'épouse du Souverain A l'horizon de tous les temps sa génitrice originelle Comme l'amante son amant elle conçoit l'Être qui vient L'éveiller au désir de Lui en Se formant du désir d'elle Mais de la voir nocturne et nue en son halo d'étoiles bleues L'homme au sein vaste le dilate à la capacité de Dieu Empli du Soi comme d'un souffle il y mesure la montagne Le grand ahan qui la soulève avec ses vents et ses marées Se mêle au sien rendant jaloux de leur joie un Rival céleste |
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Pierre Emmanuel (1916 - 1984) |
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Portrait de Pierre Emmanuel | |||||||||
Biographie / OuvresNé à Gan (Basses-Pyrénées), le 3 mai 1916. |
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