Pierre Honoré Robbé de Beauveset |
Tous mes héros ne sont pas de grand nom ' ; On n'y voit pas Ulysse, Agamemnon, L'impie Ajax, ni le colère Achille, Qui suspendit les destins de la ville. Ce ne seront que des bourgeois soldats Qui des tyrans qui nous gouvernaient las, Et dévorés du pur patriotisme, Ont su contre eux élever ce grand schisme Que des enfants, de leurs frondes armés, Comme David en héros transformés, Et des faubourgs ces athlètes sublimes, Qui de leur nom ennobliront mes rimes. Près de la forge où nos rois par Vulcain Font excaver leurs longs tubes d'airain2, Et de charbon, de soufre et de salpêtre. Font composer leur foudre prête à naître, Quand, les traités n'étant plus de saison, Ils puisent là leur dernière raison, S'élève un fort dont les tours fulminantes. Offrent de loin leurs crêtes dominantes, De leur mortier sur les remparts placé, L'heureux Paris sans cesse est menacé ; C'est là le glaive appendant sur la tête De Damoclès qu'un roi le tyran fête. Autant aux deux ses murs sont exhaussés, Autant aussi sont profonds ses fossés. Le despotisme est assis sur la cime, Attendant là sa nouvelle victime. Autour de lui sont des carcans, des fers, Des coins, de mort les insttuments divers. Le désespoir, la rage qui transporte Les malheureux sont sa fidèle escorte. Ces antres noirs, ces gouffres renforcés, C'est la Bastille; à ce nom frémissez. |
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Pierre Honoré Robbé de Beauveset (1714 - 1794) |
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Portrait de Pierre Honoré Robbé de Beauveset | |||||||||