Pierre Jean Jouve |
Tu es ma douleur mon effroi mon amour O imagination Tu es mon bourreau ô livre où j'ai traduit La montagne la rivière et l'oiseau Tu es ma misère ô confession. Ainsi parlait le poète déchu Et il déchirait son livre imprimé au milieu des villes humaines. Mais son autre voix tout emplie d'un murmure de saules Répondait Ô livre malgracieux ô poème manqué, Erreur erreur toujours de celui qui n'a pas encor fait, Oh tu es mon dernier lieu ma forteresse Contre l'armée des infidèles Ailleurs n'est plus que ruine et toi tu es l'endroit sacré. Le démon aurait-il vraiment manqué tout ce qu'il voulait ? Et que veut le démon - Un livre Répondait sa voix éclairée par un ancien cyprès solaire. Le tien le mien ou l'autre, Écris sous la dictée. Et tous les oiseaux chantèrent plusieurs fois sur le ciel. Et le poète était encore une fois illuminé Il ramassait les morceaux du livre, il redevenait aveugle et invisible, Il perdait sa famille, il écrivait le mot du premier mot du livre. |
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Pierre Jean Jouve (1887 - 1976) |
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Portrait de Pierre Jean Jouve | |||||||||