Pierre Le Moyne |
Naissance: 1602 Chaumont-en-Bassigny Décès: 22 avril 1672 Pierre Le Moyne, est un poète français. Appartenant à l'ordre des Jésuites, Le Moyne est l'auteur d'un poème épique, intitulé : Saint Louis, ou la Sainte couronne reconquise sur les infidèles (1653, in-12), lui attira, pendant quelque temps, une grande réputation. On y trouvait de l'imagination, de la pompe, et l'on y voyait une Iliade nationale, mais plus tard, on lui reprocha plutôt l'enflure et l'extravagance du style, la faiblesse du plan et le manque d'intérêt. Jésuite, le père Le Moyne illustre bien cette foi conquérante et ce désir missionnaire qui marquent l'Église de la Contre-Réforme. Son ouvre, particulièrement féconde, est à la fois celle d'un contro-versiste, prenant parti dans les grandes querelles de son temps et peu tendre en particulier avec les protestants, et celle d'un ardent propagandiste, utilisant la poésie comme moyen de séduire les cours et les âmes. Il est aidé en cela par une imagination inépuisable et par une prolixité d'écriture qui ne l'est pas moins. Cette fécondité et cette facilité l'ont vite fait juger de mauvais goût, et l'on connaît le jugement sans appel de Chapelain, lui reprochant son trop d'imagination et disant de son style : « Il est guindé, diffus, enflé, et rempli de figures vicieuses. » De fait, la poésie du père Le Moyne est une poésie du flux, du débordement, du trop-plein : les images naissent les unes à la suite des autres, s'accumulent, se répondent; des mondes s'échafaudent; le sens de la vue donne vie aux inventions les plus échevelées; la poésie se fait figure, peinture même; et le speftacle de la réalité, de ses attraits, de ses charmes, dénoncé comme image fallacieuse et piège trompeur, déploie longuement sa beauté et étale toutes ses séductions, au point qu'on a constamment le sentiment que le poète est le premier à se laisser prendre à la tentation et à en jouir pleinement, avant, in fine, de parvenir à s'en arracher. Nul mieux que le père Le Moyne n'a ainsi traduit, par la vertu conjuguée d'une imagination et d'un style, ce goût du temps pour tout ce qui bouge, qui brille, qui coule, qui éclate, qui vole, qui change, qui passe, et cette aspiration à ce qui est fixe, immuable, éternel, un. « Le tourment d'une finalité dans la profusion » : la définition que Roland Barthes donnait du baroque ne saurait trouver meilleure illustration que la poésie désordonnée, enflée, chaotique et tout à la fois forte, brillante, colorée, surprenante, inspirée, qui est celle de ce jésuite qui n'a sans doute tant aspiré à Dieu que parce qu'il a su être sensible à la beauté du monde. Étude : Henri Chérot, Vie et ouvre du P. Le Moyne, 1887, Genève, Slatkine reprints, 1971. Ouvres La Gallerie des femmes fortes (1647) La Dévotion aisée (1652) Saint Louis, ou la Sainte couronne reconquise sur les infidèles (1653) Entretiens et Lettres poétiques (1665) |
Pierre Le Moyne (1602 - 1672) |
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Portrait de Pierre Le Moyne | |||||||||