Pierre Loti |
Naissance: 14 janvier 1850 à Rochefort Décès: 10 juin 1923 à Hendaye Pierre Loti, né Louis Marie Julien Viaud, est un écrivain français qui a mené parallèlement une carrière d'officier de marine. Il a été enterré sur l'île d'Oléron après des funérailles nationales. Sa maison à Rochefort est devenue un musée. Son père, modeste employé de mairie, a fait un « beau » mariage : sa belle-famille, issue d'une lignée de marins, est riche. Le frère aîné de Julien, qui a douze ans de plus que lui, s'engage en 1859 pour servir dans la marine comme chirurgien, et part pour Tahiti, puis l'Indochine. En avril 1865, il meurt de fièvre tropicale sur le bateau qui le rapatrie. À cela s'ajoute, à la suite de mauvais placements, la ruine familiale et l'emprisonnement de Viaud père pour vol dans la caisse de la mairie de Rochefort. Au cours de son procès, il pourra démontrer son innocence, mais la mairie refusera de lui rendre son poste. Ces événements marquent l'adolescent. Voulant devenir marin, il trouve, bien que mauvais élève, la volonté nécessaire pour réussir son entrée à l'École navale, et surmonter, à force d'obstination, sa frêle constitution. Fin 1869, lors de sa première croisière, avec des escales en Méditerranée et en Amérique, il apprend la mort de son père. Désormais, il sera le seul soutien financier de sa famille, mère, tante, sour, grand-tante... Après la guerre de 1870, au cours de laquelle il patrouille dans la Baltique, il part pour Tahiti. Là, une vahiné, avec laquelle il entretient une relation passionnée, le baptise Loti, du nom d'une fleur polynésienne ; cette histoire d'amour deviendra Le Mariage de Loti. En 1873, nouvelle affectation au Sénégal ; il y est amoureux d'une Créole qui reconduit, et se console dans les bras d'une indigène : cela donnera Le Roman d'un spahi. Affecté au bataillon de Joinville, cet ancien malingre, qui a le culte du corps, s'y déguise en Hercule de foire ; il se lie d'amitié, lors de ses sorties parisiennes, avec Sarah Bernhardt qui le surnomme affectueusement « Pierrot le fou ». En 1876, il part pour Salonique, ville turque. Il s'y éprend d'une jeune Circas-sienne, enfermée dans un harem, qu'il rencontre grâce à la complicité d'un batelier amoureux de lui, car Loti mélange amitiés masculines et amours féminines. Cette brûlante histoire d'amour, il la transposera dans Aziyadé. Tenté de déserter pour s'installer en Turquie, après avoir enlevé Aziyadé, il finit par obéir à son devoir et revient à Rochefort auprès de « ses chères vieilles », au doigt l'anneau offert par Aziyadé, et qu'il n'enlèvera jamais. Il s'ennuie, meuble sa chambre dans le style turc, et vit une passion tumultueuse avec un marin alcoolique, jusqu'à son affectation à Lorient. Aziyadé paraît en 1879, et fait un triomphe. Désormais Loti va alterner les missions et les lancements de ses romans, se réfugiant sur les bateaux de la Marine nationale quand les mondanités lui pèsent trop. Une aventure amoureuse avec une paysanne des Balkans lui inspire Fleurs d'ennui. Le capitaine de corvette Julien Viaud-Loti a les amours rentables. Affecté à Brest, il tombe amoureux de la sceur d'un marin qui sert sous ses ordres. Il veut l'épouser, mais elle refuse, car elle est déjà fiancée à un marin pêcheur ; elle aussi sera l'inspiratrice d'un roman, le plus célèbre de Loti : Pêcheur d'Islande. Lors d'une campagne au Tonkin, en 1883, Loti, qui double sa solde avec des appointements versés par Le Figaro, pour couvrir la guerre, y dénonce les massacres auxquels se livrent les marins français sur les indigènes. Scandale ! Il est rappelé en France, et mobilise toutes ses relations pour ne pas être radié de la Marine. D'abord muté à Rochefort à des tâches administratives, il est ensuite, en 1885, envoyé au Japon. Bien sûr il y a une aventure, qui fournira l'argument de Madame Chrysanthème, il est de retour pour assister au triomphe en librairie de Pêcheur d'Islande. Pour avoir des enfants, il demande à ses amies de lui trouver une femme riche, comme lui de religion protestante, et de taille inférieure à la sienne ! Le mariage a lieu le 21 octobre 1886, avec une héritière bordelaise. Pour la circonstance, le marié s'est teint la moustache et a mis des talonnettes. Sept mois après la cérémonie, l'épouse, enceinte, chute dans des escaliers. Fausse couche. Loti, inconsolable, s'enfuit en Turquie, où il apprend la mort d'Aziyadé. En mars 1899, un fils lui naît enfin. Il repart à Constantinople, invité par le sultan. C'est là qu'il apprend, en mai 1891, son élection à l'Académie française, contre Emile Zola. Il a 41 ans. Affecté à Hendaye, il découvre le Pays Basque, ses contrebandiers et ses joueurs de pelote basque : cela donnera Ramuntcho (1898). Tombé amoureux de cette région, il décide d'y avoir des enfants, mais illégitimes, car il n'est pas question pour lui de rompre son mariage, et il trouve une Basque qui accepte d'en devenir la mère ; il aura d'elle trois fils, dont deux survivront, et que son épouse légitime sera, par testament, chargée d'éduquer, si jamais il arrivait malheur à leur fantasque père ! Pendant la guerre des Boxers, il est affecté à Pékin (de son séjour il fait un livre reportage, Les Derniers Jours de Pékin) puis envoyé, pendant trois ans, en Turquie, comme ambassadeur, même s'il n'en a pas le titre ; l'aventure de trois jeunes femmes lui inspire Les Désenchantées. À son retour, son épouse se sépare de lui. Il n'en est guère affecté. En 1914, le gouvernement l'utilise pour tenter de négocier un revirement des dirigeants turcs, proallemands. En vain. En 1918, le vieux marin se sent las ; il se retire dans sa maison de Roche-fort. En 1921, il est victime d'un premier infarctus, et en reste physiquement diminué. En juin 1923, estimant que son état s'est amélioré, il veut, contre l'avis de ses médecins, se rendre à Hendaye. Il y arrive, épuisé, pour y mourir, le 10 juin 1923, à l'âge de 73 ans. La France lui fait des funérailles nationales. Pierre Loti dont une grande partie de l'ouvre est autobiographique s'est inspiré de ses voyages de marin pour écrire ses romans, par exemple à Tahiti pour Le Mariage de Loti (Rarahu) (1882), au Sénégal pour Le Roman d'un spahi (1881) ou au Japon pour Madame Chrysanthème (1887). Il a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, où le fascinait la place faite à la sensualité, en particulier à la sensualité féminine : il l'illustre notamment dans Aziyadé (1879), et sa suite Fantôme d'Orient (1892). Pierre Loti a également exploité l'exotisme régional dans certaines de ses ouvres les plus connues, comme celui de la Bretagne dans Mon frère Yves (1883) ou Pêcheur d'Islande (1886), et du Pays basque dans Ramuntcho (1897). |
Pierre Loti (1850 - 1923) |
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