Pierre Motin |
À quoi, Destin sanglant, tient-il que tu n'égales Le bonheur des mortels à celui des cigales, N'ayant donné la voix qu'aux mâles seulement ? Des femmes sans raison le faible entendement, Par la bouche exprimant ses images frivoles, Ne pourrait nous tromper par de vaines paroles, Ne saurait pas mentir, reprocher et crier, Flatter, feindre, trahir, jurer, injurier. De là vient la feintise, et la haine, et la guerre, Et toutes les fureurs qui saccagent la terre, Car tout le mal qui donne aux mortels du souci Prend son nom d'une femme et de nature aussi, Comme peste, langueurs, fièvres, hydropisie, Avarice, tristesse, envie, jalousie, Crainte, furie, horreur, vengeance, ambition : Le nom de femme est propre à toute passion. La mort même, des maux le dernier et le pire, Est femme, et comme telle à toute chose aspire. ô femme, dont l'aspeâ, aux mortels déleétable Autant comme la haine, est toujours redoutable, Vous aimez en vipère, et ceux que vous baisez S'avancent au sépulcre où vous les conduisez! Ou bien la pauvreté, la douleur, et la honte, Accompagnent toujours ceux dont vous faites conte, Insensés et trop vains d'embrasser les premiers Vos corps, qui ne sont rien que de vivants fumiers ! Vos tresses en serpents aux tombeaux sont changées, Et de votre oil sorcier les fleurs sont outragées. L'oiseau qui du soleil sent les pures ardeurs, Qui s'immole, mourant, sur un lit plein d'odeurs, Et son plumage d'or de cent couleurs émaille, Apparaît plus souvent qu'une femme qui vaille. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Pierre Motin (1566 - 1612) |
Portrait de Pierre Motin |